Page 233 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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respect que je vous dois) qui m'en a débarrassé 1; il a fait
                                        les choses en conscience; il me l'a coupée si proprement
                                        dans la jointure du poignet qu'il a exempté bien de la beso-
                                        gne au chirurgien qui a fait le pansement. Il est vrai de
                                        dire que nous sommes qui dirait à peu près quittes, la petite
                                        jupe et moi; car, faisant le plongeon pour reprendre mon
                                        fusil tombé à terre, je lui passai ma baïonnette au travers
                                        du corps. Après tout, c'est pour le mieux, car que ferais-je
                                        de ma main droite à présent qu'on ne se bat plus? Pas plus
                                        de guerre que sur la main, depuis que l'Anglais est maître
                                        du pays, ajouta José en soupirant.
                                          -  Il paraît, mon cher José, reprit de Locheill en riant, que
                                        vous savez très bien VOLIS passer de la main droite, quand la
                                        gauche vous reste.
                                          -  C'est vrai, fit José: ça peut faire dans les cas pressés,
                                        comme dans mon escarmouche avec la petite jupe; mais, à
                                        vous dire vrai, j'ai bien regretté d'être manchot. Je n'aurais
                                        pas eu trop de mes deux mains pour servir mes bons maî-
                                        tres. Les temps ont été durs, allez; mais, Dieu merci, le
                                        plus fort est fait.
                                          Et une larme roula dans les yeux du fidèle José.
                                          De Locheill se rendit ensuite auprès des moissonneurs, oc-
                                        cupés à râteler et à charger les charrettes de foin; c'étaient
                                        tous des vieilles connaissances qui le reçurent avec amitié;
                                        car, le capitaine excepté, toute la famille, et Jules, avant son
                                        départ pour l'Europe, s'étaient fait un devoir de le discul-
                                        per.
                                          Le dîner, servi avec la plus grande simplicité, fut néan-
                                        moins très abondant, grâce au gibier dont grèves et forêts foi-
                                        sonnaient dans cette saison. L'argenterie était réduite au plus
                                        strict nécessaire; outre les cuillères, fourchettes et gobelets
                                        obligés, un seul pot de forme antique, aux armes d'Haber-
                                        ville, attestait l'opulence de cette famille. Le dessert, tout
                                        composé des fruits de la saison, fut apporté sur des feuilles
                                        d'érable dans des cassots et des corbeilles qui témoignaient
                                        de l'industrie des anciens aborigènes. Un petit verre de cassis
                                        avant le repas pour aiguiser l'appétit, de la bière d'épinette
                                        faite avec les branches mêmes de l'arbre, du vin d'Espagne
                                          1. Les anciens Canadiens appelaient les montagnards écossais
                                        c les petites jupes :t.
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