Page 13 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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pie, qu'il se laisse trop facilement attarder par des digres-
                                         sions qui coupent le récit et nous en distraient. Et l'on
                                         peut constater encore que les chapitres du livre ne sont
                                         pas toujours nettement délimités, ni la matière suffisam·
                                         ment bien distribuée. Le titre même du chapitre ne corres-
                                         pond pas toujours exactement au sujet qu'il paraît indi-
                                         quer, et on peut le vérifier facilement avec les chapitres
                                         sixième et septième.
                                            JI y a donc dans ce livre, qui n'a pas la prétention d'être
                                         une œuvre d'art, un art véritable qui s'ignore souvent, et
                                         qui s'affiche aussi parfois. Mais inconscient ou voulu, il
                                         intéresse, il séduit, il attache le lecteur. On feuillette et on
                                         parcourt avec une grande curiosité le livre des Anciens
                                         Canadiens; et, à se laisser prendre par cet enchantement
                                         du vieux conteur, on constate une fois de plus comme il
                                         est possible que l'art véritable se moque parfois de l'art
                                         lui-même, tout comme l'éloquence vraie, selon le mot de
                                         Pascal, se moque de l'éloquence.
                                                  Camille Roy, Romanciers de chez nous. Mont-
                                                      réal, Beauchemin, 1935. P. 41-42; 54; 60.  \
                                            [...] A vrai dire, dans ce livre se rencontrent plusieurs
                                         tendances: nous touchons au roman historique dans l'évo-
                                         cation de la bataille des Plaines d'Abraham; au roman de
                                         la terre dans le récit qui expose la vie du seigneur canadien;
                                         au roman d'aventures dans les péripéties que traversent
                                         Jules d'Haberville et Archibald Cameron of Locheill. Mais
                                         le livre de Philippe Aubert de Gaspé est surtout un témoi-
                                         gnage direct sur une époque, une précieuse relation de la
                                         vie canadienne dans la seconde moitié du XVIIIe siècle et
                                         la première du siècle suivant. Bien écrit, ce roman campe
                                         la réalité canadienne dans son contexte vital. Homme,
                                         paysage, histoire, folklore, psychologie des deux peuples,
                                         confrontation des caractères, tout est là dans un relief
                                         étonnant, sur le fond du manoir d'Haberville, à Saint-
                                         Jean-Port-JolL
                                                  Paul Wyczynski, Le roman canadien-français,
                                                  Archives des lettres canadiennes, t. 3. Mont-
                                                                     réal, Fides, 1964. P. 14.
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