Page 11 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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JUGEMENTS CRITIQUES
Notre langue a été apportée du vieux pays par l'élite
de la race. Comme la race, elle s'est conservée pure de
tout alliage étranger jusqu'à la conquête. Les besoins
d'une civilisation nouvelle créaient entre temps des mots
nouveaux, mais au témoignage d'un critique, les termes
canadiens valent bien les dialectaux que l'on entend en
France.
Livre infiniment précieux que celui des Anciens Cana-
diens, où se trouve consignée la langue pittoresque de nos
pères ! Ce ne sont pas seulement les lèvres et le verbe des
aïeux qui se raniment dans ces pages, mais toutes les cho-
ses du passé, ainsi que l'a écrit M. Ab der Halden, « vieilles
traditions, vieux souvenirs, tout cet ancien Canada qui
vivait dans les campagnes, mais que les villes effarou-
chaient »: la vie au manoir seigneurial, chez l'habitant,
chez le coureur de bois; les fêtes populaires du mai, aux
gargantuesques ripailles, de la Saint-Jean, aux feux joyeux;
les fêtes intimes de la famille, pleines de gaieté franche
et de chansons. Et quelle saveur dans le détail, ajoute avec
oothousiasme le même écrivain, quelle résurrection!
Fortunat Charron, Notre langue dans Les An-
ciens Canadiens. Dans Bulletin du Parler Fran-
çais au Canada, t. 12, 1913. P. 374.
Tout replié sur le passé, Gaspé était ferme aux in-
novations démocratiques des Américains et des Anglais
et conseilla à ses compatriotes, s'ils voulaient conserver
le beau titre de peuple gentilhomme, «(...] de ne point
ambitionner le degré de liberté dont jouissent nos voisins»
(Mémoires, p. 558). Resté étonnamment jeune en dépit de
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