Page 116 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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LES ANOENS CANADIENS                                 117

        quelques arpents du domaine d'Haberville, de Locheill lit faire
         halte à sa troupe.  Il monta sur la côte du même nom que la
         riviète, et là, à la vue du manoir et de ses vastes dépendances,
         il attendit; il attendit comme un criminel qui, sur l'échafaud,
         espère jusqu'au dernier moment voir accourir un messager de
         miséricorde avec un sursis d'exécution.  Il contempla, le cœur
         gros de souvenirs, cette demeure où pendant dix ans il avaitété
         accueilli comme l'enfant de la maison; où, pauvre orphelin
         proscrit et exilé, il avait retrouvé une autre famille.  Il contem·
         plait avec tristesse ce hameau silencieux.

              [La mort dl1tls l'âme, de LocheiJJ continue son œuvre
             d'incendiaire.  Des sentiments divers agitent son
             cœur: honte d'accomplir un tel tra1Jail; crainte d'être
             accusé de trahison, en refusant cette mission...  Sou-
             dain, du haut du plateau, il aperçoit le hameau des
             d'HabervilJe...  Ses hésitations deviennent teffibles.
             Son chef, J'odieux Montgomery en est témoin).

           Montgomery contempla un instant, avec une JOie féroce,
         cette lurre de passions contraires qui torturaient l'âme du jeune
         homme; il savoura ce paroxysme de désespoir; puis, se Hattant
         qu'il refuserait d'obéir, il lui tourna le dos.  De Locheill,
         pénétrant son dessein perfide, se dépêcha de rejoindre sa com-
         pagnie, et une demi-heure après, tout le hameau d'Haberville
         était la proie des flammes.  Atché s'arrêta ensuite sur la petite
         côte, près de cerre fontaine, où, dans des temps plus heureux,
         il avait été si souvent se désaltéret avec ses amis; et de là ses
         yeux de lynx découvrirent Montgomery revenu à la même place
         où il lui avait signifié ses ordres, Montgomery qui, les bras
         <roisés, semblait se repaître de ce cruel speeracle.  Alors,
         écumant de rage à la vue de son ennemi, il ,'écria:
           -Tu as bonne mémoire, Montgomery; tu n'as pas oublié
         les coups de plat de sabre que mon aïeul donna à ton grand·
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