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Les besoins des militaires ne correspondent pas toujours à ceux
des gouvernements civils et, pour cette raison, on doit distinguer leur
production cartographique de celle qui est faite hors du cadre militaire.
d'autant plus que les inghnieurs de l'armée reçoivent une formation sou-
vent différente de celle des arpenteurs privés3. Un certain nombre d'ar-
penteurs célkbres partageront cependant leur carrière entre le service
militaire et le service civil. Ce sera le cas de Samuel Holland, James Peachy
et Jean-Baptiste Duberger. On voit donc des plans dressés par des arpen-
teurs civils dans lesquels on decèle le style ou le coup d'œil militaire, tout
comme on peut percevoir une certaine influence exercbe par des civils
sur la production cartographique des militaires"
On associe au domaine militaire deux grands types cartographiques:
le levk militaire terrestre, dont la carte topographique est la plus connue,
et l'hydrographie ou la cartographie marine qui est dress4e surtout par
des membres de la marine royale.
Les militaires ont grandement contribué au développement de la
colonie dés l'érection de ses premiéres installations permanentes. Mais
c'est surtout entre 1660 et 1760 que la production cartographique des
ingénieurs militaires français cantonnes en Nouvelle-France ou de ceux
qui sont formés ici sera la plus remarquable. Contribuant 3 l'exploration, 3
l'appropriation, B l'aménagement et a l'exploitation du territoire nord-amé-
ricain, les ingénieurs militaires ont laissé une multitude de documents
cartographiques5 qui témoignent de leur activité et de leur talent.
Outre qu'ils réalisent de nombreux plans d'architecture militaire,
par exemple celui du château Saint-Louis (figure 2). plusieurs d'entre eux
s'avérent d'excellents cartographes. Parmi les plus célbbres, signalons
Robert de Villeneuve (vers 1645-aprés 1692): dont les plans des environs
de Québec (figure 3) montreni de façon trés précise I'Btat de dkveloppe-
ment de la région vers la fin du xviie siécle; Jean-Baptiste de Couagne
3. Les officiers (i!s l'&aient tous) du Corps des ingénieurs royaux raçoivent leur forrna-
iion dans les colleges militaires angk S. comme celui de Woolwich, forid6 en 174 1.
tandis que les arpenteurs privés apprennent leur mbtier en s'engageant comme
appreniis auprés d'aiitras arpenteurs.
4 À ce sujet, voir W.A. SEYMOUR (cir.) ilS80). p. 10-12
5. Comme en témoignent les collections de plans conservées au DBpôt des forttfica-
tions des colonies. situé a Aix-en-Provence, en France.
6 Voir Gérard MORISSET (1966).