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380 ARCHIVE!; DE QUEBEC
Monsieur,
Je diffrray hier de vous marquer ma reco~oissance dans ia crainte di:
vous unportuner de deux lettres daris un m8me jour ; mais je comprends que
si je diiierois plus longtems, je n'cn trurois que plus de peine a vous lexprimer,
la seniant augmenter a chaqu'instart, et chaque fois que je relis lelettredont
vous m'avk honoré, et par laqu'elle vous avés la bon16 de m'aniioncer la gra,-
ti6cation extraadinaire dr 1200' que le Roy s bien voulu m'arcorder sur le
. .
~. .
cornote aue voua avés rendu a Sa Maiesté de ma situation actuelle. ouelle
vous a mEme paru rleterminPe a m'accor<',er d'autres marques de sa satislsi:-
tion. et qu'en conséquence vous aves fait part de ses dispositions à M. L'ancien
. .
evèque de Mirepoix.
En vous faisant icy l'historiqu~! de vos dernieres bontés pour moy, Moii-
sieur je vous avoüe que je les ressens bien plus vivement quc je ne puis vous
en exprimer la reconnokssncc, ce arra du moins par un attachement bien siii-
ecre, et qui n'aura d'autres bornes que celles de ma vie mais il me reste encore
une grace a vous demander auprès (le M. l'ancien evequr de Mirepoix qui ent
de l'engager ane me rien diminuer de celle que le Roy a bien voulu m'accorde.r;
en me donnant une gratification de 1200' Sa Majesté a eu apparement inten-
tion que j'eusse en ehaqu'arni.e, ces 1200' pour m'indemnwrr de 'Z2
ans de eervices dont j'ay pris Ics friux Irai3 et les depense annuelle:, sur mon
propre nçeer~aire si M. L'ancien eveque de Mirepoix croit me realiser la honte
du Roy en m'acenrdant une pension sur un benefice de pareille somme de
1200' il ne m'en restera que 900. Far la retrnue du quart pour Ia contribution
aux charges.
. .
Ainsj pour ou'il m'en restat 1200' de net, il faudioit qu'elle fut de 1600'.
et en vtitb quant il me la donnerciit de 2000' pour qu'il m'en reetlt 1500' je
moirois (non vis a vis <lu n,oy, mais vis a via .les grands vicaires de Sinterieur
du Royaume) meriter une pension egale a cclle qu'on leur accorde tous les
jours.. . . . . . . . Dieu qui connoit le fond de mon eœur senit que je suis bien
esloigné de vouloir, n'y rl'aîccptçr multiplicité de benrfices, mais je <lemnn.de
uniqucuient de quoy vivre en servant I'etat et la religion jusqu'au dernicr
soupir de ma vie surtciut dans un dge OU les infimités et les besoins augmen-
tent. Mon sort est donc entre vos rnaius, mon si eu^, et j'ay bien lieu d'~ mettre
toute ma con6ance surtout d'apr+~ les premieres demarches que vous avés Eiieti
voulu fairr; je vous de\.eray la douceui de ma vie et quelques boriies que pOt
mettre M. l'ancien evEque de Nirepoix ir la bonne volonté du Roy pour moy,
il n'en mettra jwiuis D mn reconnaissance, dy au re3pw.t avec lequel je r:uis
et aeray touie ma Ge Monsieur,
Votre très iiumb!e etc etc.,
L'Abbé DE L'ISLE DIEU,
Vr" Ga' des colonies de la Nouvelle France en Cannde.
Ce 30 Mars 1755.