Page 82 - Transcriptions d'actes notariés - Tome 20 - 1682-1686
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Le témoiii le mieux placé fut sans eonteste le frère Hubert Houssart.
Serviteur pereouiiel de Mg' de Laval depuis vingt ans, il n'avait pas
attendu le dkés de soi1 maîire ponr ramasser tout ee qu'il pouvait de ee
qui avait apparteiiu à i'évêque. Le jonr même de Ia mort, un chirurgicii
pratiqua sur le cadavre une opération fréquente à i'époque: l'ablation
du cEur nui serait dé~usé dans uiie cassette de ~lomb. Le frére Huussart
fait tremper des lingés dans le sang de la plaie, détache quelques frag-
ments d'os de dessus sa poitrine, coupc des cheveux et conserve ses
habits et tout cela pour servir de très précieupes reliques0.
a Je crois, Monsieur, écril-il à M. Treiiililay, procureur du SEmi-
riaire dc Québec, i Paris, je croig que voue et iouteg lrs persoriries bien
iriientionnées approuverrz rnon procédé en cela, corume effeclivenierii
plus de trois mille peraoiines de toute sorte d'état et de coridiiion l'orit
déji approuvé en Caiiada, eii dert~arid~aiir avec empressement et s'eaiiriiarii
heureuses d'avoir de petite3 parcelle3 du di1 linge et de ce3 précieux
restes de irion dit Seigneur, qri'ils porterit sur eux wec rHpeci et d&vo-
liori: des capitai~iee intmr ei officiers de troupe oril Iait faire exprès
des reliquaires d'aryerii porir y en eriieririer et les porter sur eux, étarii
inue à cela par l'id,ér et l'esiime gériéralps que chacun a du grand rtiériic
et de la liaute aaiuteié de ruoii dit Seigneur et par les secours erlra-
ordiriairrs el miracrilerix (IUP plusirurs ont reçus et reçoivent jouriieue-
mrril dans lriirs infirmitks par I'iu~watiou de mon dil Seigneur eii
s'appliquarit (les dires re1iqut.s ou lcs poriaul sur cux7..
En6u l'iiiteiidarit Jacques Raudot relala les évémmeiiis â son supé-
rieur, le miiiistre de Sei~riele~:
a Llepuiu le départ des vaisseaux, il n'cst rien arrivé ici qui mérite
de vous être rtiandé que la niori de 11. de Laval, ancicu évtque de celte
ville. riussiiôi zprèg sa nlori, les peuples I'oni pour ainsi dire canonist?,
ayaut eu la iuêriie ~ériération pour *ou corps, qu'on a pour ceun des
sairiis, tiarit venus en foule (le !out côté peritlant qri'il a été exposé,
el sur 8011 lit de poride ei dane l'tglise, lui Iairc loucher leurs cllapelets
et leu- heures. Ils oni mime r:oripé (Ica morceaux dc sa robe que
plusieurl; oril fail riiritre dan? de l'argent el ils les regardent comme
dei reliques z.3
NOUS n'avons pas ici le cas d'urie compassion émue soucieuse de
panser une plaic trop vive, ni une amitié intéreesée, désireuse d'étre payée
de retour. Il s'agit d'un rapport transniis par un fonctionnaire subal-
terne à SOII chef de sei-vice, .qui n'était pas susceptible de s'intéresser
plus que cela au renom de sainteté de l'ancieii évcque de QuFbec.
Cette vénératioii posthume fut-elle flambée éteinte anmitôt qu'allu-
méc ? Il semble que nous pouvons répondre non. Jufiqii'à la firi du
XVIII" siècle, nous en découvrons des traees.
D'abord Monsieur Tremblay, procureur du Shinaire de Québec
à Paris, ne reste pas inactif. 11 a confié au graveur Duflos la reproduc-
tion d'un portrait de hl" de Laval peint en France en 1688. 11 travaille
8 ASQ, Lettrc~ P, n. 102, p. 2.
7 ,4SQ, Leiires P, n. 102 p. 11.
6 AN Paris, Colonie 111G, loi. 3, fi. 181-182).