Page 108 - Transcriptions d'actes notariés - Tome 20 - 1682-1686
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Llirent  dans les baies.  La  po~iulation se diversi6ait aussi.  Aux preniiers
                                 occupants.  presque  tous  de  laiigue  frariçaise,  se  rriêlaien t  des  lriaudais
                                 et  des  Ecoasais,  élahlis  surtout  à  Grant1  River,  où  l'oii  eoustruisit  uue
                                 nouvelle  kglise,  avee  uue  résidenee  pour  le  misaionria ire.
                                     L'abbé  Bélanger  possédait  bien  la  laiigu~ aiiglaise,  mais  uu  Lou
                                 iitvrilire  de  ses  uouveaux  paroissiens  ne  parlait  que  le  gaélique.  II  fit
                                 des efiorts  persévérants pour leur  obtenir des seeours religieux  dans leur
                                 langue.  Eu  lE65, il  si~ue avec  eux  une  pétition  à  i'évêque,  lui  derrinii.
                                 dant d'envoyer  de temps en  temps uti  prêtre  du  Cap-Breton, pour  enteii-
                                 dre  les  coiifessions  et  prêelier  eu  gaélique.  L'année  suivante,  l'nblié
                                 Bélanger  cause  unp  surprise  à  ses  bons  Eeossais,  en  leur  amenant  uu
                                 prêtre  d'Arieliat  qui  passe  trois  semaiues  au  milieu  d'eux.  Et,  les  deux
                                 anriées  suivantes,  les  deux  dernihres  de  sa  vie,  deux  autres  prêtrea.
                                 connaissant  le  gaeliqiie  venaient  faire  des  ton ruées  ~eiii blal~les.  Eel
                                 exemple  pour  tous.  que  de  voir  ee  missionuaire  ranadi~n-francais
                                 déployer le  mènie  zèle  EiiiUr  desservir  en  leur  laugue  ses  fideles  écossais,
                                 qu'avait  montré Mx' I\llullock,  en  asaurant  à  ses  ouailles  de  laiigue  fran-
                                 çaiae  uu  missionnaire de eetip langue.
                                     L'abbé  Bélariger  avait  toujours  eu  une  santé  fragile.  [,es  péuihles
                                 conditions  où il  vivait.  obligé sans epsae  de voyager  par  tous  lm  temps,
                                 de loger  clans des abris de foriuue, dans les brumes et les  froids malsains
                                 de Terre-Neuve,  avaierit  litiéraleitieut  épuisé  ses  forees.  Sonveu t,  quaiici
                                 il  admiiiistrait  les  sacrcriicrit,.  il  devait  s'y  reprendre  à  plusieuis  fois.
                                 avant  de  pouvoir  terniirier.  Tel  était  son  état  quand  il  eutrepiit  une
                                 visite  à  la  Eaips  des  Ilcs,  à  nne  centaine  de  milles  de  son  presbytère.
                                 Il  rut  à  peinp  la  force c!e   S'Y  reudre,  d'aeeomplir  péniblement  le  niitiis-
                                 kre  indispeiisable,  et  de  reveriir  à  la  Baip  Saint-Georges.  II  niourut
                                 quatre jours  après  sou  arrivéc,  le  'i septemlirp  1060.  exactement  le  lUn
                                 auniversaire  de  3on  arrivée  à 'l'errc-Nenve.   11  avait  soixaute ans,  dout
                                 23 ans de iniasioti:.
                                     Ses  pauvres  paroissiens  lurent  eonsternés.  Ne  sachant  comment
                                 lni  reudre  les  derniers  devoire.  alors que les  prêtres  les  plus  proelies  se
                                 trouvaieiit  à  des  eentain~s d~ mille=, ,par  les  mers  ou  les  forêts,  ils  se
                                 souvinreut  qu'il  avait  toujours  désire  retourner  Jans  son  pays  natal.
                                 Ils chargèrent  donc  sa  dépouille  sur une  goélette,  et  qu~tre d'critrc  eux
                                 partircrit  pour  ce lriiniaiu  et  fuuèbre pèlerinage.  L'acte  d'inliiimatiou  a
                                 coni;erw!  leurs  noms:  e'étaieiit  denx  anglais  et  deux  frauçais.  reHet  de
                                 cette clir6tipntf  eosinopolite  de Terre-Neuve.  Le voyage  prit  troia  aernai-
                                 nes.  Le  service  funèbre  fut  clianté  à  Saiut-Rocli-dea-AuInaies,  le  29
                                 septembre, au  début  du bel  automiie canadien,  et  son corps  reprise  daris
                                 le ciitietière  de  son  village natal,  fac~ au  grarid  Heure.  hiais  ses  Cidèles
                                 avaient  voulu  garder  son  cœur, et  c'c~t ainsi  qu'une  panie  de lui-même
                                 denieuri: à Sandy Point,  avcc les pêcheurs qu'il avait aimk.
                                     Ces tuilchaules funérailles f urmt suivies d'un  épisode moiris Edifisii t,
                                 qui confine  mPme  au grotesque.  L'abbé Bélanger  avait laissé  une petit?
                                 suceessiori.  Son testarrient:  un peu  jiriprécis,  léguait ses petites éeonornies
                                 a au  colliige  le  plus  niéritant   du  bas  du  fleuve,  pour  l'instruction  de
                                 ses  neveux.  Un  coll@e  de  la  province.  convaincu  d'être  bien  le  plus
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