Page 106 - Transcriptions d'actes notariés - Tome 20 - 1682-1686
P. 106
Depuis 1825, plusieurs habitauts oiit pris i'habitude d'aller pêcher
sur les eôtes du Labrador et de Terre-Neuve. Des eliefs de famille
parleiit de quitler définitivement ees Iles, où la vie leur est deveiiue
impassible, et d'émigrer ver3 la eôte nord et le détroit de Belle-Isle.
L'abbé Bélauger s'est attaché à ses paroissieiie et ne veut pas les abandon-
lier. Il offre à son évEque de les suivre dans leur exode et d'aller où
ils iroiit, desservir le3 missiuiis de la Baie des Chaleurs, dii Labrador ou
de TerreaNeuve. L'évêque de Charlottetown désire le retenir et lui offre
même de venir demeurer prés de Iiii. RIais I'alibé Bélaiiger est déeidé
à partir. Des obstacles ietardeiit le départ de3 Madelinots, mais le
missionnaire va quaiid tnCrne Iiiuerner a Rus~ico et a Caraquet. Au
priiitemps, il reçoit de9 nriuvelles de son evêque qui le chatge des
missions du Labrador et de Terre-Neuve. L'abbé Bélanget se rend
alors à Paspébiae et s'organise ai.ee un capitaine de navire qui part
pour Ie Labrador.
An Labrador.
Le missionnaire et le eoninierqant visitent, en cahotant. tous les
villages de la cote. Le miesionnaire administre les sacrements. note
les endroits oii il faudrait des ehapelles; ei les pècheurj, malgr? leur
paiivreté, souoci.i\ent 2; .E yuiir le culte. II est à Blanc-Sahlon, le
poate principal de la rote nord. vers la bu d'août, et son registre con-
serve qiielques aetes signes à eet endroit. De là auosi il adresse un
rapport à eon éiêque, et lin navire allant de Saint-Pierre à Romaine,
fait un croehet our le délioier sur la cote de Terre-Neuve. Après lui,
les missions du kbrsdor partir de 1853; fiirent desrervier par les Pères
oblats, Arnand et Babel.
Depnis nn sièele, la eôte ouest de Terre-Neuve jouissait d'un slatut
partieulier. Le traité de Paris (1763) et les accords subséquents avaient
réservé A la Franee Ie droit d'aecès snr cette eôte pour ses pêeheurs.
Ils pouvaient y aliorder, bhtir leurs échafauds pour le séchage du pois-
50". couper le bois nécessaire, mais sans y former d'établissements per-
manents. Par suite de ces privilèges, les colons anglais r6pugnaient à
s'y établir. C'était une espèce de zone iieutre, réservée aux pkheurs.
II en venait des îles Jereev, du littoral de France, du Saint-Laurent et
des provinces rriaritirries. Petit à petit, plusieurs d'entre eux, au lieu
de s'en retourner à ehaqne saison, s'y bâtirent des abris de fortune, )-
Iiivernèrent, puis s'y installèrent de façon permanente. Plnsieurs d'entre
enx, qui avaient subi des tracasseries de leurs propriétaires trouvaient
Ià des terres grainites. dans des rallées fertiles,. près de rives poisson-
neuFe.4. La liberté et la paix dont ils jouissaient sur ces eôtes leur
faisaient ouhlicr l'éloignenieiit ct les dures eondilious d'existence. 11
fant eroire que cette région puss6dait ni1 véritable attrait, ear la popu-
Iritiou ne eessait de s'y accroître. Vers 1850, euviron 2,000 âmes
vivaieiit là, sans loi, sans gouvernement, sans impôts. Cette absence
de toute organisation sociale ou religieuse n'allait pas sans quelqnes
inconvénieiits ni sans quelque licence. L'éloignement, le manqne
d'icoles ct de seeonrs religii:ua. dan. iiii pays eomplèlement sauvage,