Page 34 - Transcriptions d'actes notariés - Tome 20 - 1682-1686
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même  temps  institutriees ;  dans  la  haute-ville,  d'autres  Hospitalières
                                  tenaient  un Hôtel-Dieu  où l'on  recevait  des civils et des militaires  ; enh,
                                  des Ursulines se dévouaient à l'enseignement.  Cea  quatre couvents vont
                                  souffrir  de  la  désolation  qu'amène  nécessairement  le  siège  d'une  ville.
                                      Dès l'arrivée des Anglais, les Sœurs de la  Congrégation doivent  quit-
                                  ter  leur  couvent  de  la  basee-villc.  Le  bombardement  eommenœ  et lea
                                  autres religieuses qui sont soue le tir  de l'ennemi, sont obligées  de partir
                                  elles  aussi : les Hospitalières de l'Hôtel-Dieu  et  les Ursulinee  reniement
                                  dans  leurs  voûtes  ce  qu'elles  ont  de  plus  précieux,  elles  laissent  quel-
                                  ques compagnes ehargées de monter la garde sur les eflets des religieuaes
                                 et  ellm  se  rendent  à  1'H;pital-Général.   Située loin  de  la  ville,  hors  de
                                  la portée  de l'artillerie,  eette maison  se trouvait en  parfaite  sécurité.
                                     Elle int bientôt  remplie  à eraquer.  Il y  avait  là,  en effet,  les trois
                                  Communautés  de  Québee,  e'mt-à-dire  un  total  de  113 religieuses ; de
                                  plus,  les civils  de Québee  y  accoururent  en  grand  nombre :  toutes  les
                                 dépendances,  éerit  l'annaliste,  en  furent  remplies,  maison  domestiqne,
                                  érable, grange et  out ce qui s'eri  suit  ; enfin,  on y  compta bientot  183
                                 blessés français.  L'annaliste  de  l'Hôpital-Général  parle  de  a plus  de six
                                 cenis  personnes  ; celle  de  l'Hôtel-Dieu  renchérit  et  parle  de  près  de
                                 800 personnes.  Mais  peu  importe  de  connaître  le  nombre  exaet  des
                                 réfugiés,  il  suffit de  retenir  que  l'Hôpital-Générai,  asile  dirigé  par  des
                                 religieuses  cloîtrées,  devient  eneombré  de toutes  les  classes  de la  popu-
                                 lation.
                                     Le  soir  du  13 septembre,  les  Anglaia  viennent  prendre  possession
                                 de la  maison  ; un  détachement  vient  nionter  la  garde  autour  des lieux
                                 pour  surveiller  les blessés et pour  empêcher toute  relation  avec les restes
                                 de i'amée  française.  Mais ce détaehement,  il fallait  le loger,  eomrne il
                                 fallait auiei  loger  les  blesaés  de l'armte  anglaise  et  une  relation  évalue
                                 leur  nombre  à plus de deux cents.  Il se forme  ainai à l'Hôpital-Général
                                 une  soeiété  cosmopolite  d'oficierfi  et  de  fonctionnaires,  mciété  polie,
                                 agrémentée  de dames, où  la conversation, qni se fait parfois en latin,  est
                                 du  meilleur  monde ; pour  la  première  lois,  la  société  canadienne  et la
                                 soeiété  anelaiee  se  mêlent  l'une  à  l'autre  pour  déguster  des  coliations
                                 ou  pour  jouer  au  piquet.  Toutefoin,  ce  tableau  eharmant  ne  doit  pas
                                 nons  faire  oublier  l'eneombrement  général  de la  maison  et la  besogne
                                 accablante qui devient le lot  des pauvres religieuses.
                                     La  capitulation  de  Québec,  signée  le  18 septembre,  avait  mis  fin
                                 pour  un  temps  aux  dévastations  de  la  guerre.  Le  traité  assurait  des
                                 sauvegardes  à  a  toutes  personnes  Religieuses  ; le  21, les  autorités
                                 anglaises permirent  aux habiiants de rentrer  dans la ville : les Ursulines
                                 et  les  Hospitalières  de  l'Hôtel-Dieu  en  profitèrent  donc  pour  réinté-
                                 grer  lenrs eouvents.
                                     Le Monastère  des  Ursulines  n'était  pas  détruit,  il  avait  souffert  du
                                 bombardement,  maie  beaucoup  moins que d'autres  édifices  qui  se trou-
                                 vaient  à l'avant-plan  de la  ville,  comme: le château  Saint-Louis, le palais
                                 épiwopal, la cathédrale  et le Séminaire.  Les bombes  avaient pereé  bien
                                 des trous  daris  les  toits  et  bouleversé  l'intérieur  du  couvent,  produisant
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