Page 172 - index
P. 172
années aux Escoumains avec une famille Moreau. Malade, je vins me réfugier à Tadoussac
dans la famille Denis. O'est là que le bon curé Michaud m~a rencontrée et m'a fait entreT
ici" .
Cette révélation remit à jour l'histoire d'une enfant vo'lée à La MalIbaie, lie 23 juin
1849. La voici, en quelques mots, comme on la racontait dans le temps. Une petite fille
du nom de Marie-Aurore Duberger jouait un jour sur les bords de la Rivière Malbaie,
tout près de la maison de ses parents, non loin de la demeure actuelle de Monsieur J.-O.
Duguay. Des sauvages venus pour vendre leurs pelleteries rôdaient dans les environs.
Tard dans l'après-midi, Madame DUberger s'aperçut de la disparition de sa petite Aurore.
Elle donna l'alarme immédiatement. L'on crut tout d'abord que l'enfant était tombée à
l'eau et s'était noyée. Après bien des recherches inutiles dans le village et dans les bois
avoisinants, l'on supposa que l'enfant avait été enlevée par les sauvages. Le père avait
promis une somme assez considérable d'argent à ceux qui pourraient lui fournir des
renseignements. Il recevait des lettres lui disant, par exemple, qu'un groupe de sauvages
étaient passés à tel endroit, qu'ils avaient avec eux une blanche, ou encore d'autres histoires
du même genre. C'est pourquoi, il parcourut toute la Côte Nord. Mais ce fut toujours en
vain. Jamais, il n'eut de nouvelles de l'enfant".
En entendant le récit de Philomène Duberger, on crut se trouver en face de l'enfant
volée. Pour dépister toutes les recherches, dit-on, les sauvages ont dû changer le nom
de Marie-Aurore en celui de Philomène. Quant à l'âge qui ne correspondait. pas bien, on
se résuma à dire que chez les sauvages, il était facile de se tromper sur ce rapport.
Malgré toutes les apparences de vérité que présente ce récit, il faut déclarer que
Philomène Duberger n'est pas du tout l'enfant volée de 1849. En compilant les documents
nécessaires pour la composition du "Livre de Généalogies des Familles de Charlevoix-
Saguenay" j'ai aperçu dans les régistres des Postes du Roi, le nom d'un Georges Duberger
marié à une sauvagesse. J'ai même réussi à trouver l'acte de mariage de ces derniers.
Comme on pourra s'en convaincre facilement, ce Georges Duberger n'est pas du tout le
même que Georges Duberger, dit "Bisnoute" arpenteur, Agent des terres de la Couronne,
marié à Priscille Blackburn, à La Malbaie, le 26 novembre 1832. Je commençai d'abord à
retracer la naissance de trois enfants mais ne trouvant pas le nom de Philomène, je soumis
le cas à mon bon ami, le !protonotaire de Chicoutimi, Monsieur Percy Martin.. En feuille-
tant un vieux régistre de Godbout (Côte Nord) il trouva cet acte qui faisait l'objet de
recherches depuis plusieurs années. En voici la teneure :
Le premier août 1853, nous prêtre soussigné, avons baptisé Philomène, née le 23 janvier
du mariage de Georges DUberger et de Charlotte Metshituaiskwen, sauvages montagnais
de Godbout, parrain Pierre Kapmenuet, marraine, Marianne, qui n'ont pas su signer.
Le père absent
Chas. Arnauld, o.m.i.
Première constatation : la vieille Philomène qui se disait âgée de 82 ans environ ne
se trompait pas trop. Elle avait en réalité 81 ans et quelques jours.
Passons maintenant aux baptistaires trouvés dans le greffe de La Malbaie : A la
date du 29 juillet 1850, je trouve l'acte de naissance d'Adèle Duberger, née du 23 novembre
dernier, fille de Georges Duberger et de Charlotte Mistotiohkwen. Parrain, François-
Xavier Ashini et marraine, Adèle Duberger. Le nom du missionnaire est le Père A. M.
Gavin, o.m.i. Georges Duberger, père est présent et signe lui-même en sauvage :
elsapiemitshinapen.
Cette Adèle est justement celle qui se mariera plus tard à Pierre Denis et qui décédera
à Tadoussac le 13 juin 1902, alors que l'abbé N. A. Talbot était curé. Dans ce temps-là,
le bruit courut que la femme Denis était l'enfant volée en 1849. Elle était simplement la
soeur de Philomène.
Le 6 août 1854, le Père Louis Babel baptise à GOdbout, une petite fille, Charlotte,
née du premier mars, du légitime mariage de Georges Duberger et de Charlotte
Metshittooshkwen.
Le 2 août 1857, à Mingan, le même missionnaire baptise Georges, né le 13 novembre
précédent, du légitime ma.riaJge de Goorgtes DubeTg'er et de Charlotte MéItotaiskwen.
262