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années aux Escoumains avec une famille Moreau.  Malade, je vins me réfugier à  Tadoussac
                           dans la famille Denis.  O'est là que le bon curé Michaud m~a rencontrée et m'a fait entreT
                            ici" .
                               Cette  révélation  remit  à  jour  l'histoire  d'une  enfant  vo'lée  à  La MalIbaie,  lie  23  juin
                            1849.  La  voici,  en  quelques  mots,  comme  on  la  racontait  dans  le  temps.  Une  petite  fille
                            du  nom  de  Marie-Aurore  Duberger  jouait  un  jour  sur  les  bords  de  la  Rivière  Malbaie,
                            tout près  de  la maison  de  ses  parents,  non  loin  de  la  demeure  actuelle  de  Monsieur  J.-O.
                            Duguay.  Des  sauvages  venus  pour  vendre  leurs  pelleteries  rôdaient  dans  les  environs.
                            Tard dans  l'après-midi,  Madame  DUberger  s'aperçut de  la  disparition  de  sa petite  Aurore.
                            Elle  donna  l'alarme  immédiatement.  L'on  crut  tout  d'abord  que  l'enfant  était  tombée  à
                            l'eau  et  s'était  noyée.  Après  bien  des  recherches  inutiles  dans  le  village  et  dans  les  bois
                            avoisinants,  l'on  supposa  que  l'enfant  avait  été  enlevée  par  les  sauvages.  Le  père  avait
                            promis  une  somme  assez  considérable  d'argent  à  ceux  qui  pourraient  lui  fournir  des
                           renseignements.  Il recevait  des  lettres  lui  disant,  par  exemple,  qu'un  groupe  de  sauvages
                            étaient passés à  tel endroit, qu'ils avaient avec eux une blanche, ou encore d'autres histoires
                           du même  genre.  C'est pourquoi,  il  parcourut  toute  la  Côte  Nord.  Mais  ce  fut  toujours  en
                           vain.  Jamais,  il  n'eut  de  nouvelles  de  l'enfant".
                               En entendant  le  récit  de  Philomène  Duberger,  on  crut se  trouver  en  face  de  l'enfant
                           volée.  Pour  dépister  toutes  les  recherches,  dit-on,  les  sauvages  ont  dû  changer  le  nom
                           de  Marie-Aurore  en  celui  de  Philomène.  Quant  à  l'âge  qui  ne  correspondait. pas  bien,  on
                           se résuma  à  dire  que  chez les  sauvages,  il  était facile  de se tromper sur ce  rapport.
                               Malgré  toutes  les  apparences  de  vérité  que  présente  ce  récit,  il  faut  déclarer  que
                           Philomène  Duberger n'est pas du  tout  l'enfant volée  de  1849.  En  compilant  les  documents
                           nécessaires  pour  la  composition  du  "Livre  de  Généalogies  des  Familles  de  Charlevoix-
                           Saguenay"  j'ai aperçu dans les régistres  des Postes  du Roi,  le  nom  d'un  Georges Duberger
                           marié  à  une  sauvagesse.  J'ai  même  réussi  à  trouver  l'acte  de  mariage  de  ces  derniers.
                           Comme  on  pourra  s'en  convaincre  facilement,  ce  Georges  Duberger  n'est  pas  du  tout le
                           même  que  Georges  Duberger,  dit  "Bisnoute"  arpenteur,  Agent  des  terres  de  la  Couronne,
                           marié  à  Priscille  Blackburn,  à  La  Malbaie,  le  26  novembre  1832.  Je  commençai  d'abord  à
                           retracer la naissance de trois enfants mais ne  trouvant pas le nom de Philomène,  je soumis
                           le cas à  mon bon ami,  le !protonotaire de Chicoutimi,  Monsieur Percy Martin..  En feuille-
                           tant  un  vieux  régistre  de  Godbout  (Côte  Nord)  il trouva  cet  acte  qui  faisait  l'objet  de
                           recherches  depuis  plusieurs  années.  En  voici  la  teneure  :
                              Le premier août 1853, nous prêtre soussigné, avons baptisé Philomène, née le  23  janvier
                           du  mariage  de  Georges  DUberger  et  de  Charlotte  Metshituaiskwen,  sauvages  montagnais
                           de  Godbout,  parrain  Pierre  Kapmenuet,  marraine,  Marianne,  qui  n'ont  pas  su  signer.
                           Le  père  absent
                                                                      Chas.  Arnauld,  o.m.i.

                              Première  constatation  :  la  vieille  Philomène  qui  se  disait  âgée  de  82  ans  environ  ne
                           se  trompait  pas trop. Elle  avait en réalité  81  ans  et quelques  jours.
                              Passons  maintenant  aux  baptistaires  trouvés  dans  le  greffe  de  La  Malbaie  :  A  la
                           date du 29  juillet  1850,  je trouve l'acte  de naissance  d'Adèle  Duberger, née  du 23  novembre
                           dernier,  fille  de  Georges  Duberger  et  de  Charlotte  Mistotiohkwen.  Parrain,  François-
                           Xavier  Ashini  et marraine,  Adèle  Duberger.  Le  nom  du  missionnaire  est  le  Père  A.  M.
                           Gavin,  o.m.i.  Georges  Duberger,  père  est  présent  et  signe  lui-même  en  sauvage  :
                           elsapiemitshinapen.
                              Cette Adèle  est justement celle qui se mariera plus tard à  Pierre Denis  et qui décédera
                           à  Tadoussac  le  13  juin  1902,  alors  que  l'abbé  N.  A.  Talbot  était  curé.  Dans  ce  temps-là,
                           le  bruit  courut  que  la  femme  Denis  était l'enfant  volée  en  1849.  Elle  était simplement  la
                           soeur  de  Philomène.
                              Le  6  août  1854,  le  Père  Louis  Babel  baptise  à  GOdbout,  une  petite  fille,  Charlotte,
                           née  du  premier  mars,  du  légitime  mariage  de  Georges  Duberger  et  de  Charlotte
                           Metshittooshkwen.
                              Le  2  août  1857,  à  Mingan,  le  même  missionnaire  baptise  Georges,  né  le  13  novembre
                           précédent,  du  légitime  ma.riaJge  de  Goorgtes  DubeTg'er  et  de  Charlotte  MéItotaiskwen.
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