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bleu n'en ayant pas d'autre. Vous voyez donc que
pour le corps cela va on ne peut mieux, et quoi-
qu'éloignés de moi, chers parents, vous contribuez
aussi à me rendre heureux par la générosité avec la-
quelle vous avez fait à Dieu le s~crifice de ma per-
sonne. Il y a quelque temps, j'éprouvais de la tris-
tesse d'être si longtemps sans entendre parler de
vous. Vous ne sauriez croire combien je fus consolé
en voyant vos sentiments à mon égard; je ne les avais
pas oubliés, mais j'étais heureux de les relire encore.
Oh 1oui, cher Frédéric, la lettre où tu me dis que tu
es fier de me voir partir pour les missions, que je
ne dois plus m'occuper de vous que par distraction;
cette lettre aussi que tu m'as envoyée au Havre,
chère Mélanie, et plusieurs autres' de mon frère l'ab-
bé où il me parle au nom de toute la famille, je les
conserverai toujours et elles me feront autant plai-
sir, je pense, quand j'aurai vieilli et que je me serai
usé pour la gloire de Dieu que maintenant. Je oon-
serverai toujours aussi, bien oher père, la lettre que
vous m'avez écrite lorsque j'ai fait mes vœux, où
vous me bénissez et m'offrez à Dieu avec tant de
générosité. Je me rappelle aussi avec un certain
orgueil ces paroles que vous disiez à mon frère après
avoir assisté à ma première grand'messe: Je suis
bien pauvre, mais j'aime mieux te voir vicaire de
Saint-Loup et ton frère partir pour la Rivière-Rouge,
que de vous voir tous les deux préfets, me faisant
chacun deux mille francs de rente. Ce sont là de pré-
cieux souvenirs pour un prêtre, pour un missionnaire
Burtout. Il n'est pas rare que la plus grande peine
d'un missionnaire soit de voir le peu de générosité
de s& famille, qui, au lieu de le bénir, le maudit le