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BONHEUR ET CHOIX DES RICHES 1
Je vois que vraiment le bon Dieu exauce mes
vœux parce que vous êtes vraiment la femme heu-
reuse. Je craindrais presque qu'un bonheur si com-
plet sur la terre ne dût être payé par un long bail
dans le purgatoire. Mais j'en suis convaincu, la
divine Providence pourvoit à tout et votre bonheur,
si grand qu'il soit, ne peut être sans quelques croix
et votre bon cœur a le talent de les multiplier et de
les augmenter. Puissiez-vous, chère cousine, jouir
longtemps ici-bas, voir grandir en taille, en sagesse
et en sainteté, votre charmante petite Marguerite et
tous les bébés qui la suivront ... Puissiez-vous avoir
la consolation de grand·mamàn Le Peltier, voir aussi
les enfants de vos enfants; puissé-je, si jamais je
retourne en Europe, voir la petite Marguerite jouer
sur vos genoux avec son petit frère ou sa petite
sœur; puisse votre cher George vous procurer bien-
tôt une semblable consolation, et votre bonheur et
le bonheur de tous les vôtres augmentera le mien.
Mais comme il n'est point de rose sans épine, je
prie la Divine Providence qu'elle vous les épargne
et que du moins vous en fassiez votre profit. Les
riches trop BOuvent, ne savent guère ce que c'est que
la pénitence. Le bon Dieu y pourvoit, donne à quel-
ques-uns un cœur bon et leurs croix deviennent plus
pesantes; et le riche au milieu de ses jouissances
porte sa croix il lu suite de Jésus-Christ et arrive
ainsi au ciel, où il n 'y aura plus que jouissances. Ce
sera votre sort, bien chère Cousine, de bien douces
1 Lettre à une coueine. _ St-Albert, le (16 1) décembre
1816. - (Série: Copiee-lettree, v. 25, Postulation, Rome).