Page 7 - monseigneur
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de la Grande Terre qui suit la rivière, puis celui du Bois de
Maska. Le reste de la paroisse finit à la baie Lavallière et
aboutit au lac Saint-Pierre; c'est ce qu'on appelle le rang du
Petit Chenail (chenal), où nous demeurions.
Avant d'aller plus loin, disons qu'à Pierreville, il y a deux
villages: celui des Blancs et celui des Abénakis (Odanak). Je
vais le dire dans les termes de ma jeunesse: c'était le village
des sauvages. Le curé de ce village était un Indien: l'abbé de
Gonzague. Une des cousines de mon père s'était mariée avec
un de ces sauvages: Samuel Satacousse. Tous du bon monde,
mais nous, les enfants, n'aimions autant pas les rencontrer!
Quand les enfants venaient au monde, ils étaient apportés par
les sauvages. Ce n'était pas rassurant!
Dans notre rang, ce petit chenail était une partie de la
rivière Saint-François qui s'était permis des fantaisies et
avait formé des îles jusqu'au lac Saint-Pierre tout en conti-
nuant son parcours jusqu'à son lit, que nous appelions le
Grand Chenail mais qui était la rivière Saint-François. Elle
bifurquait donc et laissait échapper de petits cours d'eau que
nous appelions des chenails. Elle a formé l'île Saint-Jean, en
face de chez nous; plus loin, c'était l'île Landry, habitée par
les Landry et une famille Grenier. Le chenail portait le nom de
Landry, et, encore plus loin, c'était l'île Notre-Dame-de-
Pierreville. Elle était assez grande pour constituer une parois-
se. C'est le chenail Ta:dif qui la bordait de l'autre côté. Plu-
sieurs petits ponts reliaient ces îles. Le coude que la rivière
faisait pour rejoindre son lit s'appelait le chenail à Brisebois.
C'est peut-être compliqué, mais nous, nous étions habitués,
puisque les îles étant petites, nous voisinions avec les gens qui
y habitaient.
À Notre-Dame, près de la Grande Rivière, il y avait,
outre les habitants (cultivateurs), beaucoup de navigateurs sur
des chalands. Ils allaient jusqu'aux Grands Lacs. À Notre-
Dame aussi, il y avait le moulin des Tourville. Mon père,
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