Page 168 - monseigneur
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et vicaire en quelque part (?). Ç'a été une consolation pour ma
mère, qui était bien heureuse d'avoir un enfant prêtre.
Dans la nuit, j'ai commencé à avoir des douleurs. Ma fille
Madeleine est née à 2 heures du matin, le 6 juin. Mon mari
n'était pas là et ma mère devait rester avec mon père, qui
était exposé! C'est ma tante qui a pris soin de moi et du bébé.
Cette tante, qui paraissait bourrue, était la plus tendre des
femmes. Tout de même, ma mère m'a bien manqué! Je me
sentais orpheline. Je n'étais pas encore une vraie femme:
gênée toujours et habituée à me fier aux autres. La peur et
l'indécision étaient mes grands défauts.
Mon père étant enterré et ma mère bien fatiguée, je l'ai
décidée à partir avec moi et les deux enfants pour Warwick.
Upton avait loué un grand logis et l'avait meublé entière-
ment, même la vaisselle. Mais... la femme d'Hervé, qui
n'attendait son bébé qu'au début du mois d'août, l'a eu le 4
juillet! Mon frère était bien embêté de voir partir ma
mère; il se fiait à elle pour tout car ma belle-soeur, tout
comme moi, n'était pas habituée à travailler. Elle n'avait que
20 ans et sortait presque du couvent. Ma mère, qui se réjouis-
sait de partir avec moi, lui a dit: «Fais venir la belle-mère!
C'est sa fille, et elle connaît l'ouvrage de maison. »Mais mon
frère n'était pas trop rassuré.
Enfin, nous sommes partis quand même, toujours en pas-
sant par Saint-Grégoire, pour changer de train. Upton nous
attendait à la gare, bien heureux d'avoir tout son monde. Ma
mère et lui s'entendaient très bien. Je n'étais pas parlante,
mais ma mère aimait parler, ce qui faisait l'affaire d'Upton.
Je crois que ma mère l'aimait autant que ses fils, si ce n'est
plus! Elle est demeurée un peu plus d'un mois avec nous. Le
ménage neuf, très facile à entretenir, les enfants jeunes et
sages, le gros lavage bien fait par une femme qui demeurait en
face de chez nous, tout nous permettait de nous installer
l'après-midi sur la galerie en avant et de regarder les hommes
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