Page 167 - monseigneur
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porter du lait. Une des grandes filles a commencé à sortir un
peu avec moi et Gustave dans le carrosse (landau). J'ai prati-
qué un peu la couture avec elle et nous sommes devenues gran-
des amies. La plus âgée était malade. Elle souffrait beaucoup
de migraine. Elle est décédée, encore jeune. Mon mari arrivait
le vendredi, vers 4 heures. Nous passions une belle fin de
semaine ensemble. Au début de novembre, nous retournions
au Petit Chenail. Les parents de mon mari se sont beaucoup
attachés à Gustave.
Au printemps suivant, ç'a été plus dur de nous séparer. Au
moment où j'écris ces mémoires, j'ai 82 ans. Je rétablis les
faits. En septembre, j'étais devenue ~nceinte de nouveau.
Cette année-là, en 1913, après mon départ au mois de mai,
ma grand-mère est décédée (en juin). Elle était déjà malade,
lors de mon départ. Ma mère avait une dure tâche à accom-
plir ; mon père était un peu malade et mon grand-père ne se
sentait pas bien, lui non plus; il s'ennuyait beaucoup de ma
grand-mère. Il lui parlait tout haut, car il était sourd. Il était
illettré, mais avec un bon sens pas ordinaire. Il récitait ses
prières en latin. Il était très croyant.
Puis mon frère Hervé s'-était marié avec Marie-Anne
Poirier, une fille de la baie du Febvre (Baieville), et ils atten-
daient un bébé pour le mois d'août. Ça n'aidait pas beaucoup.
Donc, en janvier 1914, nous étions au Petit Chenail et nous
avons assisté à la mort de mon grand-père, qui avait 84 ans.
En avril, Upton est reparti pour les Cantons de l'Est,
espérant bien nous trouver un loyer, car je retournerais avec
deux enfants, attendant celui-ci pour le début de juin. Le 5
juin, quand je me suis levée, ma tante arrivait de chez mes
parents. Elle me dit: «J'arrive de chez vous, ton père est
décédé cette nuit. »Je m'y attendais, mais ça m'a causé une
surprise quand même. J'attendais mon bébé cette journée-là.
Je suis partie et je suis allée faire une visite chez nous, voir
mon père une dernière fois. Mon frère Cyrille était prêtre
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