Page 166 - monseigneur
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Warwick,12/8/13
                                   Mes chers parents,
                                      Je vous envoie ce portrait en allendant un autre meilleur
                                   parce que vous pouvez voir qu'il n'est pas bon. Je vous écrirai
                                   une longue lettre bientôt. Gustave n'est pas bien depuis quel-
                                   ques jours. Des dents lui sont percés et il a la diarrhée. Ça se
                                   passe pas vite. Cyrille est venu me voir il est bien joyeux. Mon
                                   oncle et ma tante sont aussi venus. Nous ne sommes pas enCore
                                   revenus de noire surprise. J'espère que vous êtes bien. Mes
                                   meilleurs amitiés à lous.
                                                                         Votre petite fille.


                              Verso de la carle postale.
                              couches au-dehors! Ma belle-soeur, qui avait pris soin de mon
                              enfant depuis plus d'un mois, a eu le coeur gros de me voir
                              partir. Elle disait à mon frère: «Si tout à coup elle
                              l'échappait en chemin, nous irions le chercher! »C'est Mlle
                               Drouin qui l'a porté jusque chez mon oncle. La distance
                              n'était pas grande. Et voilà, mère à 22 ans et pas très
                              déniaisée! Pensez toujours, quand je dis ça, que le niaisage
                              venait de ma gêne... Je n'en pensais pas moins!
                                  L'oncle et la tante ont adopté le bébé, qui était beau... Au
                              moindre pleur, il fallait aller le chercher! Dans ce temps-là,
                              nous bercions les enfants, ce qui n'est plus la mode... Il y a cer-
                              tainement du bon: l'enfant apprend jeune à se priver de bien
                              des choses... même des caresses de sa mère! Il devient indé-
                              pendant avant le temps. Ce n'est peut-être pas aussi bon que
                              ça !
                                  L'hiver a passé assez bien et il fallait penser à nous trou-
                              ver un logis à Warwick. C'était toujours aussi difficile,
                              Upton a loué deux pièces dans la maison du fromager du
                              village. Madame attendait un bébé. Ils avaient une grande
                              maison et seulement une petite fille. Mme Bergeron était bien
                              aimable; nous nous sommes bien entendues. C'était à deux
                              pas de chez les Beaumier. Les petites Beaumier venaient me


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