Page 160 - monseigneur
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du bien paternel et des parents... aussi des beaux-frères,
                              quand ceux-ci ne travaillaient pas.
                                  Nous, nous sommes arrivés au Petit Chenail au début de
                              novembre et je n'étais pas enceinte! La tante de mon mari
                              n'ayant pas eu d'enfant, il y a eu quelques chuchotements: elle
                              aurait pu m'apprendre des trucs 1...
                                  En décembre, j'ai commencé ma première grossesse, en
                              même temps que ma soeur, qui s'était mariée en octobre. Nos
                              deux aînés n'ont que JO jours de différence. J'ai encore passé
                              un hiver à ne rien faire. Ça m'a pris bien du temps pour
                              apprendre mon métier de femme de maison, et ce n'était pas
                              de ma faute. Après 40 jours de grossesse, j'ai commencé à
                              avoir des nausées tous les matins, et cela, durant quatre mois,
                              jour pour jour. Je croyais toujours y laisser mon coeur et je
                              mangeais comme deux t Ne faisant pas la cuisine, je ne m'ap-
                              prochais de la table que lorsque tout était servi; sans ça, le
                              mal de coeur me reprenait! Toute une initiation! Au mois de
                              mars, le gouvernement a fait donner des cours de coupe et de
                              couture gratis au village. U pton n'ayant rien à faire et moi
                              non plus, tous les jours il me conduisait au village, où j'ai fait
                              mon apprentissage dans la couture. Les chemins n'étaient pas
                              beaux, beaucoup de cahots. Le petit cheval d'Upton allait
                              assez vite, mais j'ai tenu bon et le bébé aussi...
                                  Quand j'ai attendu mon premier enfant, je n'ai pas suivi
                              mon mari dans les Cantons de l'Est. J'ai passé l'été au club de
                              mon oncle Napoléon. Celui-ci n'allait plus au chenail du
                              Moine. II s'était fait construire un club sur le bord dela riviè-
                              re Saint-François, dans l'île Saint-Jean, un peu avant d'arriver
                              au lac Saint-Pierre. Les mêmes pensionnaires qu'il avait eus
                              à Sorel sont revenus chez lui; des gens de Longueuil: MM.
                              Laurencelle, Lorrain, Bourdon, Tison, et les Mlles Drouin de
                              Montréal. Celles-ci gardaient une nièce, orpheline de père,
                              Marie-Julie Choquette, une jolie brunette de onze ou douze
                              ans à peu près. M. Bourdon ou M. Tison (?) jouait très


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