Page 45 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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               d'arrêt pendant lequel, s'amoncelanr les unes au-<iessus des
               autres, les glaces formèrent une digue d'une hauteur prodi·
               gieuse; et un déluge de flots, obstrué d'abord par cette barrière
               infranchissable, se répandit ensuite au loin sur les deux rives, et
               inonda même la plus grande partie du village.  Cette inonda·
               tion soudaine, en forçant les spectateurs à cherchet un lieu de
               refuge sur les écores de la rivière, fit évanouir le dernier espoir
               de secourir J'infortuné Dumais.
                 Ce fut un long et opiniâtre combat entre le puissant élément
               et l'obstacle qui interceptait son cours; mais enfin ce lac immen·
               se, sans cesse alimenté par la rivière principale et par ses
               affluents, finit par s'élever jusqu'au niveau de la digue qu'iJ
               sapait en même temps par la base.  La digue, pressée par ce
               poids énorme, s'écroula avec un fracas qui ébranla les deux
               rives.  Comme la Rivière-du-Sud s'élargit tout à coup au·
               dessous du bras Saint-Nicolas, son affluent, cette masse com-
               pacte, libre de toute obstruction, descendit avec la rapidité d'une
               flèche; et ce fut ensuite une course effrénée vers la cataracte
               qu'eUe avait à franchir avant de tomber dans le bassin sur les
               rives du Saint·Laurent.
                 Dumais avait fait, avec résignation, le sactifice de sa vie:
               calme au milieu de ce désastre, les mains jointes sur la poitrine,
               le regard élevé vers le ciel, jJ semblait absorbé dans une médi·
               tation profonde, comme s'jJ eût rompu avec tous les liens de ce
               monde matériel.
                 Les spectateurs se portèrent en foule vers la cataracte, pour
               voir la fin de ce drame funèbre.  Grand nombre de personnes,
               averties par la cloche d'alarme, étaient accourues de J'autre côté
               de la rivière, et avaient aussi dépouillé les clÔtures de leurs
               écorces de cèdre pour en faire des flambeaux.  Toutes ces
               lwnières en se croisant répandaient une vive clarté sur cene
               scène lugubre.
                 On voyait, à quelque distance, le manoir seigneurial, longue
               et imposante çonsuuction au sud.ouest de la rivière, et assis sur
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