Page 25 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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26 LES ANCIENS CANADIENS
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- Crois-tu, mon cher, que vous devez avoir seuls le mono-
pole des sorciers et des sorcières? Quelle prétention! Sache,
mon ttès chet, que nous avons aussi nos sorciets, et qu'il y a à
peine deux heures, il m'était facile, entre la Pointe-Lévis et
Beaumont, de te présenter une sorcière tres sympathique. Sache,
de plus, que tu vetras, dans la seigneurie de mon très honoré
père, une sorcière de première force. Voici la différence, mon
garçon, c'esr que vous les brûlez en Ecosse, et qu'ici nous les
traitons avec touS les égards dus à leur haute position sociale.
Demande plutôt à José, si je mens.
José ne manqua pas de con./irmer ces assertions: la sorcière
de Beaumont et celle de Saint-Jean-Port-Joli étaient bien, à ses
yeux, de véritables et solides sorcières.
- Mais, dit Jules, je crois que ce qui a donné cours à cerre
fable, c'est que les habitants du nord et du sud du lIeuve, voyant
les gens de l'Ue aller à leurs pêches avec des lIambeaux pendant
les nuits sombres, prenaient le plus souvent ces lumières pour
des feux follets; or, tu sauras que nos Canadiens des campagnes
considèrent les feux follets comme des sorciers, ou génies
malfaisants qui cherchent à attiter le pauvre monde dans des
endroits dangereux, pour causer leur perre: aussi, suivant leurs
traditions, les entend-on rire quand le malheuteux voyageur
ainsi uompé enfonce dans les marais. Ce qui aura donné lieu
à cette croyance, c'est que des gaz s'échappent toujours des terres
basses et marécageuses: de là aux sorciers il n'y a qu'un pas.
- Impossible, dit Arché; tu vois bien que les habirants
du nord et du sud qui fonr face à l'Ile d'Orléans, vont aussi
à leurs pêches avec des lIambeaux, et qu'alors les gens de
l'Ue les auraient aussi gratifiés du nom de sorciers: ça ne passera
pas.