Page 147 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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                pes, dont la plus gtande fut enlevée pat une vague, et mise en
                pièces.  L'autre fut aussi jetée à la mer, et un domestique,
                nommé Etienne, s'y précipita, ainsi que le capitaine et quelques
                autres.  Je ne m'en aperçus que lorsqu'un de mes enfants, que
                je tenais dans mes bras et l'autre attaché à ma ceinture, me
                crièrent: • Sauvez·nous donc, la chaloupe est à l'eau..  Je
                saisis un cordage avec précipitation, et au moyen d'une secousse
                violente, je tombai dans la chaloupe: le même coup de mer qui
                me sauva la vie, emporta mes deux enfants.
                   - Quoique sous le vent du navire, un coup de mer remplit
                la chaloupe à peu de chose près; une seconde vague nous éloigna
                du vaisseau, une troisième nous jeta sur le sable.  Il serait
                difficile de peindre l'horreur de cette scène désastreuse, les cris
                de ceux qui étaient encore sur le navire, le spectacle déchirant
                de ceux qui, s'étant précipités dans les /lots, faisaient des efforts
                inutiles pour gagner le rivage.
                   De sept hommes vivants que nous étions sur la côte de cette
                terre inconnue, j'étais pour ainsi dire le seul homme valide. Je
                venais de perdre mon frère et mes enfants, et il me fallait
                refouler ma douleur au fond de mon âme pour m'occuper du
                salut de mes compagnons d'infortune.  Je réussis à rappeler à
                la vie le capitaine, qui avait perdu connaissance.  Les autres
                 étaient transis de froid, car une pluie glaciale tombait à torrents.
                Ne voulant pas perdre de vue le navire, je leur remis ma corne à
                poudre, mon tondre, mon batte·feu et une pierre à fusil, leur
                 enjoignant d'allumer du feu à l'entrée d'un bois à un arpent
                 du rivage; mais ils ne purent y réussir: à peine même eurent-ils
                 la force de venir m'en informer, tant ils étaient saisis de froid et
                 accablés de fatigue.  Je parvins à faire du feu après beaucoup
                 de tentatives; il était temps, ces malheureux ne pouvaient ni
                 parler, ni agir; je leur sauvai la vie.
                   Je retournai tout de suite au rivage, pour ne point perdre de
                 vue le navire, livré à toute la fureur de la tempête.  J'espérais
                 secourir quelques malheureux que la mer vomissait sur la côre;
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