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MIGNAUX
C'est en 1643 que le soldat Jean Mignaux s'enga-
gea pour trois ans, à La Rochelle, afin de servir le roi
dans les garnisons de la colonie. Il fit la connaissance
de Barbe, une élève qui avait passé 4 années chez les
Ursulines, et lut si sensible à ses attraits qu'au moment
de partir à la tête de quelques compatriotes et d'un
groupe de Hurons pour aller faire le coup de feu dans la
région de Montréal, il pria les religieuses de garder près
d'elles la jeune Amérindienne jusqu'à son retour: non
seulement promettait-il de la conduire à l'autel, mais
comme garantie de son engagement, il confia une
somme de 300 livres aux représentants des Cent-Asso-
ciés, stipulant qu'advenant qu'il manquât à sa parole, le
tiers en serait versé à sa belle. «Mais, rapporte le Jour-
nal des Jésuites, il se trouva que la fille n'en voulut
point et aima mieux un sauvage et suivre les volontés
de ses parents».
Fut-ce pour s'en consoler? Jean Mignaux partit
pour le pays des Hurons, porteur d'un message du gou-
verneur.
En évoquant la souche percheronne des Pelletier,
nous signalerons plus loin que sur la côte de Beauport,
Martin Prévost avait pour voisins les deux frères Guil-
laume et Antoine Pelletier, et que celui-ci s était noyé
devant sa maison en septembre 1646. C'est Mignaux
qui devint propriétaire de la terre du disparu; elle était
la deuxième à l'est de la chute Montmorency, la pre-
mière, de forme à peu près triangulaire, appartenant à
Charles Cadieu dit Courville. Le soldat avait sans doute
décidé de s'établir à demeure car, le 10 novembre 1648,
il avait suffi amment oublié sa belle Amérindienne
pour épouser r,ouise Cloutier, la plus jeune fille de
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