Page 18 - index
P. 18
6
Catalogue des immigrants
d'autres, nous ne rejoignons que 549 engagés, pas même
le quart des 2 357 hommes adultes que nous
connaissons. C'est bien peu, si l'on songe que la
majorité des immigrants ont dû venir au Canada sous
contrat d'engagement.
Autre embarras: de ces engagés, il en est qui
après leur contrat ont préféré ne pas s'embarquer. On
n'en est que rarement averti par la documentation, les
précisions de 1653 là-dessus étant une exception quasi
unique. Comment établir que tel engagé n'a pas fait le
voyage? A part le rôle d'embarquement du Saint-Jean
en partance pour l'Acadie, en 1636, et ceux de recrues
montrédistes de 1653 et de 1659, nous ne disposons pas
avant 1663 de listes de passagers. Les décès ont pu être
nombreux au cours de la traversée, compte tenu de sa
lenteur et des mauvaises conditions hygiéniques: les
documents font allusion à ces décès sans présenter de
noms. D'autres pertes sont dues aux accidents habituels
de la navigation: par exemple, un navire se perd en
1643; la traversée de 1655 est une catastrophe: un
premier navire se perd, un second est pris par les
Espagnols, un troisième par les Anglais, et trois bateaux
légers qui apportent des effets sont capturés par les
Anglais et les Hollandais. Des immigrants étaient à bord
de ces navires: en quel nombre, qui étaient-ils, que
sont-ils devenus?
Et que faire si, de toute façon, l'engagé dont
nous connaissons le contrat, n'a laissé aucune trace dans
les archives canadiennes? Conclure qu'il n'est pas venu
nous semble un mauvais raisonnement: il y a tant de ces
engagés dont la présence au Canada n'est attestée que
comme par hasard: présence à la cérémonie de signature
d'un contrat de mariage, allusion dans un inventaire de
dettes, mention à propos d'une dispute. Certains de nos
prédécesseurs ont conclu, du silence des archives, à l'ab-
sence de tel ou tel engagé, jusqu'à ce qu'un examen plus