Page 18 - index
P. 18
Dictionnaire des parlementaires du Québec de 1792 a nos jours
En réalité, quatre ans après une première élection, soit la durée normale d'un mandat parlementaire,
de 30 à 40% des députés ont subi la défaite ou quitté la vie politique. Au-delà de cette période, le
déclin se poursuit de façon marquée. La courbe descendante de la figure 1 démontre à quel point
la longévité est en grande partie soumise aux appels au peuple.
II existe bien entendu des exceptions notables: Gérard D. Levesque a régné 37 ans et 5 mois
dans sa circonscription de Bonaventure, suivi de Louis-Alexandre Taschereau, qui fut député de
Montmorency durant 35 ans et 8 mois. Outre ces cas d'espèce, près de 70% des parlementaires
ne siègent pas plus de 8 ou de 9 ans. Ce pourcentage passe sous la barre des 10% après 15 ans en
Chambre. Pour la grande majorité des élus, représenter des électeurs ne peut donc être considéré
comme une carrière de par son caractère temporaire.
Les causes de la fin de la carrière des parlementaires
Plusieurs raisons expliquent le départ des députés de la Chambre (figure 2). Depuis 1792, la défaite
électorale (35,3%), la décision de ne pas se représenter (32.3%) et la démission (10%) demeurent les
principales causes de la fin de mandat, soit 77.6% au total.
FIGURE 2
Causes de la fin de la carrière des parlementaires (en pourcentage)
Bas-Canada
Confédération
Canada-Uni
causes
Total
1792-1838
1841 -1 867
depuis I 867
19,l
72
Défaite électorale
35,3
446
51,2
32,5
32.3
27,5
Ne s'est pas représenté
Démission
11,7
4'5
7,9
IO
8
6
7.3
Décès
11,5
93
4.5
7,3
Charge incompatible
7,1
-
Changement de constitution
16.5
18,6
4,9
1,7
4,7
6,1
Autres causes
2,4
Des nuances majeures s'imposent pour chaque période constitutionnelle. Ainsi, pour le Bas-Canada
(1792-1838), on remarque un fort taux de députés (51,2%) qui décident de ne pas se représenter.
Cette situation peut s'expliquer de plusieurs façons: absence de salaire, rnauvaises conditions de
travail, éloignement, élections répétées et arbitraires. La suspension de la Constitution en 1838 met
également un terme à la carrière de 16,5% des députés qui siégeaient depuis 1834.
La période du Canada-Uni (1841-1867) montre un portrait quelque peu différent. Beaucoup moins
de députés décident de ne pas se représenter (32,5%), soit un taux près de la moitié moins élevé
qu'à l'époque du Bas-Canada, la différence étant compensée par les défaites électorales
(de 7,2% à 19,l %). On peut donc affirmer que les ((vocations» politiques sont plus affirmées
après 1841 et que la carrière parlementaire retient davantage les députés. Comme en 1838, le
changement constitutionnel de 1867 met un terme à la carrière politique de bon nombre de
parlementaires, soit 18.6%.