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cherche 3 démontrer, mais seulement celles de 1'ita.t. Cette période est
particulièrement intéressante parce que le conquefant doit mettre en place
une structure administrative qui vise le contrôle du territoire nouvellement
acquis. L'espace en jeu est partiellement organisé (seules les seigneuries
le sont) et cartographié. et le gouvernement britannique devra établir une
structure d'exploitation de l'espace qui se reflète dans la cartographie.
Notre intention est donc d'aborder la cartographie sous l'angle de
son utilitd dans I'exercice du pouvoir de l'État3. En fait, il s'agir de voir
dans le processus de production cartographique4 et dans les cartes elles-
memes comment s'exerce le contrble de l'€tat sut le message
cartographrque. On rejoint partiellement ici les nouvelles tendances en
histoire de la cartographie, notamment celles qu'a exprimées J. Brian
Harley5 dans (( Maps. knowledge and power i) où il rend compte du rôle de
la cartographie dans I'exercice du pouvoir: (( les cartes ne sont plus consi-
dérées essentiellement comme des transcriptions inerres du paysage ou
comme des reflets ephémères du monde des objets, mais plutôt comme
des images réfractées contribuant au dialogue d'une sociétée)).
La carte est donc susceptible de jouer un rôle actif au sein de la
sociétb qui l'a vue naître et, en ce sens, nous pouvons la considérer comme
un discours7. Plus encore, le discours cartographique est en quelque sorte
l'exercice d'un pouvoirs. Si l'on admet que le territoire marque les limites
d'un pouvoirg et que la carte est une représentation d'un ou de plusieurs
territoires, il devient alors impérieux pour l'État d'avoir la haute main sur
le processus de production canographique.
3. On trouve encore aujourd'hui de$ exemples de cette influence de i'~tat sur la car-
Ingraphie. comme en témoigne un article de La Pressedu 4 septembre 1988, {( Les
cartographes sov18ttques avouent avoir fausse toutes les cartes n
4. On se rkfére ici aux processus d&cisiannels et aux choix gui sont exercés par les
dilierents agents et non a la question du relev6 technique er du dessin des cartes
en ce qui concerne les instruments et les ouiils techniques tels que la planche A
dessin, la mesure du terrain. l'encre et le papier utilisé. En fait. ce sont les éléments
relatifs au contenu et non B la facture des cartes qui ont retenu notre attention.
5. J. Brian HARLEY (1987b).
6. ii [. -1 maps cease 10 be understood primarily as inen records of rnorphological
landscapes or passing rellections of the world of obiects, but a:e regarde:: as
refracted images contributing to dialogue in a socially construcred world J. Ùrian
HAALEY (1987b1. 0. 278 (irad. libre).
7 Le discours se d6finit ici A partir des aspects d'un texte qui rellveni de I'aril)rkcia-
lion. de I'évaluation, de la persuasion ou de la rhétorique, par opposition a cciix qui
simplement situent. nomment ou enregistrent. J. Brian HARLEY (1987b3, p 278
8 La cartographie aussi reprçtsente une forme de connaissance ei de pouvoir. ii
J Brian HARLEY i1987M. p. 279 tuad. libre).
9. ri Pour les humains, la terrilorialité est une slrat&gie puissanre, de nature 980gr8-
pliique. qui vise le contrale des gens et des choses par le contrdla de l'aire gbo-
graphique ri Robert David SACK (1986). p. 5 ttrad. libre).