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Les cartes sont des objets usuels que la majorité des gens consul-
tent ~éguliérement et qu'ils croient connaître. Elles se trouvent partout :
dans l'automobile pour indiquer le chemin 3 suivre, dans les livres d'his-
toire pour illustrer une conception ancienne de l'espace, dans les médias,
comme suppldment d'informat~on. Elles sont donc généralement consi-
dérees comme des outils fiables qui permettent de se représenter
graphiquement un espace quelconque. Pourtant, un regard attentif sur
leur contenu rdvele qu'elles ne sont peut-être pas si neutres qu'il semble.

L'analyse détaillée de l'une d'entre elles1 a montre comment son
contenu pouvait btre révélateur du contexte de sa rkalisation. Pour saisir
les diverses motivations de l'auteur, il ne suffit pas de s'intéresser au
contenu de la cane. II faut aussi s'interroger sur les méthodes et les pra-
tiques de la cartographie, rc l'art de concevoir, de lever. de rédiger et de
diffuser les cartes2)). II faut également tenir compte du contexte de sa
réalisation et du genre de société dans lequel elle s'inscrit.
Ainsi, une carte cache souvent les buts utilitaires du commandi-
taire. II est donc probable qu'une étude de Iô cartographie d'un lieu, à un
moment particulier de l'histoire, puisse &tre révélatrice des différentes
interventions survenues dans la conception et' la construction de l'image
cartographique de ce lieu. Plusieurs personnes et organismes ont inté(&
3 influencer la cartographie. Par exemple au Québec. au xixe siècle, il est
permis de croire que les proprietaires fonciers, tes seigneurs, les compa-
gnies de développement, le clergé et. finalement, l'État ont pu tirer parti
de la cartographie. On imagine aisément que ces agents ont tenté d'exer-
cer, divers degrés. une certaine influence sur la cartographie ou d'utilr-
ser celle-ci pour établir leur pouvoir.

Nous nous sommes donc intéressé 3 la cartographie du territoire
québécois, au cours des 80 premikres années qui ont suivi la conquête
de la Nouvelle-France par les Britanniques (1 760-1 840). Précisons que ce
ne sont pas toutes les formes d'influence ou de pouvoir que nous avons

1 Claude SOUDREAU (t986)
2 Fernand JOLY 11985).