Page 63 - Transcriptions d'actes notariés - Tome 20 - 1682-1686
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4 Aucun ruclier. parmi tous ceux dont la bordure violente et tour.
mentée faligue les eaux qui la careswnt ei dont les cimea s<iurciileusas
se penchent sur lc Saguenay en l'inondani de leurs ombres n'égela an
étrange ri formidarila majmtC ler dcur caps doni Ics noms seula éveillent
dana l'imagination le srntiment d'uuc exceptionncllr grandeur. CPU deux
cqa son1 ceux de 1'Eierniié er de la Trinité, géants des nionts qui plon-
gent ii près de mille pie& de profondeur dans la rivière el qui s'éltvent
tout droils dr cet aliinie jiisqu'à une haureur de quinze ii dix-huii ceuts
pida, comme ai les enlrailles de la terre. fatiguées d'un pareil fardeau,
les araieni rejeiés brusqucmcnt d'an seul coup.
. Le cap Etcrnité est plu. haui que son Irhe jumeau. mais il s'rsh
qurlque peu adouci 5uu~ la niain des âges ci il a laissé une épaisse ch-
vclure de tjapine ebUI'Unner en paix aon fronl et descendre sur ae* flancs
creusés de rides. pniiundes. Il a une fornie a peii prcs réguliére et non
le torse ni I'encolure violenie du cap 'I'rinilé, qui senililc vouloir a toute
heure déclarer la guerre aux élérnen~a.
Et ce caracl;re, celui-ci le communique à iont ce qui l'enloure ;
on n'arrive a lui qiilaprL avoir vu défiler dcvaiit soi toul un raiig dc
rochrrr alirupia jriés en dzaordrc sur le front de hataille rt qui ont prir
place à la hâie pour essuyer le preniicr choc. pour recevoir la loriiiiduble
avrrse des ciru1 irrités. On les dirait toujours en colèr~, 6 enlendrs
leurs miigiseemenis répondre nux rriiis tk l'eblisct, à Its entendr~ Sour-
dcmriit gronder au nioindre Lruil, ou qiiaiid IPP eaux, repoii~sées BOUS
la prouc dw iiavires, ri: rejetleut 6Ur leurs Ilanrs rumultueux,
a Ecourrz . . . le iimcr du baieuu ii vapeur a reimii ; l'éclio dormait
tranqiiille dans Ieu antrcs dm noirw nioiii agneu ; soiidain, ù
ce cri aigu rlni iraverse l'air, il s'éveiiic, il s'agite, il pourse uii géniis-
serneiit ~rrriblr qiii, wrti drs entrsilles du cap, se précipite de vdée en
i~llér el dc racine en ravin?, çouri commr nn loiig irémissement le IonK
dcs rivuges, s'en~uffre dans Irr précipices, les remsuie en bondissunt,
frdppe lys pl~i~enx loinlains, piiis doiiceuirnt sr raleuiit, se ealnie et va
s'éteindre enfin dans qiielquc goig~ éiroiii: oh il arrive conime étouffé.
m On a donné au cep Triniié son nom parce qu'il est en rCulité Iomé
de trois oapa égaux dr taille et d'élévation, doui le premier coniprend
Gpulrnicni trois caps dispusis en échrloua ei foruiaui comnie trois étagm
superposes. Tous ces capr. dressés à pie. préseuicnt une vusie face nue,
~oiipée nci eornme dans Ir mZme momenr par quelque instriimeut rnyslé.
rieux dc la nardre . . .
Son ombre accentue l'effet prodigieux de sa structure :
Du spleiidide midi aux derniers ieux du soir,
Sur I'onde fiigiiive i! marque l'heure en noir, *
écrit le poète Cliarles Gilt ; et Cliaprnan couclut :
Son aspect ii la fois uou5 cliarme ci uous écrase.
Les grands aigles de mer seiilu osen1 v voler.
LP [ouris~e qui g'e~~ ~pprwlié de sa ha9e.
En le toisanl dcs yeux, se surprend H irenihlcr.
Pur son alilire farouclie et le3 ligiies ai sis sari tes de soli profil, le
cap Trinité ctiiistitiie le trait le plue marquant de la physioiiomie du
fjord dti Saguenay. Un de nos poètes sagueiiéens a souligiié le fait dans
les vers suivants :
L'Eierntl oui~ier qul sculpia nos riva~es
Dans leur ptunil puissant prodigua Ira images
Dc son ineffable grandeur :
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