Page 44 - Actes notariés du régime français 1609-1770
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ACTES  NOTARIÉS
                excessif, et  fourniroit  aux  chanoines i'occasion  de  se  relâcher  et  de  mener
                une vie  oisive et paresseuse,  de faire bonne chaire comme  êtant trop a  leur
                aise, et qu'ainsy  ce seroit trop d'aflecter au chapitre les manses conventuelles
                des trois abbayes cy dessus, il est evident a quiconque a une veritable connois-
                sance de la nature et situation des choses de ce pays  que l'on se  &prend  [?]
                dans  le  jugement  que  l'on  forme  a Rome  au  regard  des  choses  cy  dessus,
                puisque  tant  s'en  faut  que  la  somme  de  400 ou  500i-i soit  sufiante  a  un
                ecclesiastique pour  vivre icy honnêtement quoyque dans une grande frugalité
                qu'elle  ne  luy donne pas  le  moien de  s'entretenir  ny  même  de  boire  du  vin
                dans ses repas en quelque petite  quantité que ce soit. tout ce revenu ne seroit
                pas  sumant dans la  cherté ou se  trouve  a present  le  vin  pour  en  avoir  sa
                provision honnête et sufisante pendant  le cour de  l'année puisqu'une  barique
                qui contient cent vingt pots,  ce qui ne  va qua un petit  verre de  vin a chaque
                repas  coGte  presentement  deux  cent  cinquante  livres,  et  qu'il  ne  faut  pas
                moins de cent êcus pour  s'habiller  et s'entretenir  tres simplement. En un mot
                Mr. L'archidiacre qui vit en son particulier  avec toute la simplicité et frugalité
                que la bienseance ecclesiastique peut  permettre, avoüe dans l'assemblée  capi-
                tulaire ou il  est present,  qu'il  depense pour  sa  pension  et  son entretien trois
                cent êcus de  france quoyquJil n'ait  point  de  valet, et  qu'il  ne peut  se  passer
                a moins  de  sorte  que si  les  ecclesiastiques  qui  composent  le  chapitre et  la
                cathedralle n'avoient d'autres ressources pour  subsister que  le revenu de leur
                prebende,  il  est  constant qu'ils  ne  le  pourroient  faire, puisqu'avec  tous  les
                autres moiens qu'ils ont ils ne laissent pas  d'être reduits pour  la  plltpart  a la
                necessité de se passer  de vin, et de ne boire que de l'eau  toute pure.  Que sera
                ce si ton adjoute aux besoins et necessités communes de la vie dans une santé
                raisonnable  celles  auxquelles  il  faut  satisfaire dans  les  maladies  et  autres
                infirmités qui surviennent et qui sont  tres jrequentes  en ce pays?  Outre qu'il
                ne paroistroit  pas  juste  de priver  les chanoines qu'on retrancheroit du revenu
                qui doit leur être attribué sur les manses conventuelles cy dessus. car de quoy
                vivroient ils pour  la pluspart  n'ayant pas  de bien de patrimoine,  et nêtant pas
                en êtat  d'avoir  d'autres employs dans le  diocese qui  les fasse subsister,  les
                cures qui sont  fiées  par  le  Roy  êtant remplies, et  tous n'&tant pas  propres
                pour  les missions, soit  pour  le  deffaut de  sant4  ou  autrement? au  lieu que
                si  les  trois manses  conventuelles cy  dessus sont  appliquées avec  les  ofices
                claustraux  au  soutien  et  subsistance  du  chapitre,  dignités  et  chanoines  cy
                dessus en la maniere qu'ils ont êté crées par  Monseigneur l'ancien evêque dans
                l'erection et l'êtablissement du chapitre les choses iront leur train ordinaire au
                contentement  et  edification de  l'eglise  du  Canadas sans  qu'il  y  ait  sujet  de
                craindre par  la le relâchement et la perversion des sujets qui le composent et
                par  toutes ces raisons le dit chapitre  assemblé conclud  ne  pouvoir  consentir
                a la reduction et  a la diversion de son revenu pour  l'appliquer a l'oeuvre des
                missions qui peuvent  se  faire independamment de cela  comme en eflet elles
                se  font par  le  moien  des  dixmes  [sic] et  des supplements que  le  Roy  a  la
                bonté d'y aflecter par  sa pieté  et religion et auxquelles on peut  encore attribuer
                dans la suitte d'autres fonds  qui soient pris  d'autres deniers que de  ceux qui
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