Page 112 - monseigneur
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quand j'allais au couvent. Nous nous sommes fait des amis
                             parmi ces gens-là. Un été, l'avocat Lomer Gouin, futur Pre-
                             mier ministre du Québec, est venu passer des vacances. Ma
                             tante était contente de raconter qu'elle lui avait racommodé
                             ses culottes. Le notaire Desrosiers, de Saint-Guillaume, en
                             vacances au club, avait eu un accident de chasse: un coup de
                             fusil dans l'épaule. C'était durant l'été que j'ai passé là. J'ai
                             connu des Mlles Drouin, de Montréal, avec quije suis devenue
                             amie. Je ne parlais pas beaucoup, alors on me prenait comme
                             confidente, je savais écouter! ! ! L'été que j'ai passé là, un
                             des jeunes frères de mon mari, Doria, un beau blond, était
                             là. J'étais heureuse; aussi, il a pris bien du plaisir à me faire
                             peur, en faisant semblant de s'en aller et de me laisser seule!
                             Ces Maher, du bon monde, mais des taquineurs hors pair.
                                 À l'automne, le cJub fermait et Upton revenait au Petit
                             Chenail pour l'hiver. Il a donc fait ses premières années de
                             classe avec nous. Il avait un an de moins que mon frère aîné.
                             Autant celui-ci était gêné, autant mon mari était à l'aise!
                             C'est pourquoi ils ont toujours été de si bons amis, avant de
                             devenir beaux-frères! Upton était le nom de mon mari, mais
                             quand il a su écrire, il signait Apton et les garçons rappelaient
                             Ti-Tonne. Tout de suite, à l'école, il a été meneur. Les gar-
                             çons de son âge le craignaient un peu; il avait la réponse à
                             tout et ne s'en laissait pas remontrer (imposer), même par la
                             maîtresse! Il s'est donc fait mettre à la porte de l'école, deux
                             ou trois fois. Il avait le toupet de revenir et de se mettre en
                             rang avec les autres pour réciter les leçons.
                                 Dans mon jeune temps, l'école était meublée de grandes
                             tables et de grands bancs. Ces tables et ces bancs étaient tous
                             entaillés de partout, car les garçons avaient tous de petits
                             couteaux et mon futur mari en avait de bons! Il avait plu-
                             sieurs choses que les garçons d'habitants n'avaient pas. Étant
                             enfant unique, il était gâté un peu plus qu'eux. Ainsi, il avait
                             un petit pistolet qu'il emplissait d'eau, et, de temps à autre, il


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