Page 110 - monseigneur
P. 110

taient chez d'autres soeurs de leur mère, jusqu'à ce qu'ils
                             soient assez âgés pour aller retrouver leurs frères aux États.
                             Mon mari aimait bien sa grand-mère Lachapelle. Lui aussi
                             aimait aller se faire faire une beurrée ou se faire dodicher
                             (câliner). Il était assez affectueux malgré sa forfanterie.
                                 L'oncle de mon mari était un chasseur et un pêcheur. Sa
                             tante, qui était allée aux États, aurait aimé y rester; ils
                             auraient pu faire un peu d'argent et mener une belle vie. Mais
                             cet oncle était d'une nature bohème et n'aimait pas les horai-
                             res fixes. Il aimait travailler quand il le voulait et faire ce qu'il
                             aimait! Il a été engagé par un groupe de professionnels de
                             Montréal, pour être gérant d'un club de chasse et pêche aux
                             îles de Sorel, à l'île du Moine. Ces messieurs ont appris à le
                             connaître et à l'apprécier. Il était très compétent et était roi et
                             maître sur son île. Ma tante avait la cuisine à faire, l'entretien
                             de la maison, enfin c'est elle qui faisait le travail. Tant que les
                             pensionnaires n'étaient pas arrivés, aux vacances, l'oncle était
                             libre comme l'air. En plein ce qu'il aimait !
                                Mon mari, à sept ans, est arrivé parmi ces gens-là! Ça
                             ne lui a pas pris de temps (il avait l'esprit vif) à savoir se com-
                             porter en conséquence! Faire les commissions, rendre des
                             services aux dames, soigner les canards et les rassembler,
                             « pogner »(prendre) de la grenouille... car, parmi les pension-
                             naires, il y avait un Français qui aimait les cuisses de gre-
                             nouilles; voilà en quoi consistait son travail. Ce Français
                             s'appelait Courgeau, un bon gros. Quand mon mari le voyait
                             arriver, il savait ce qui l'attendait et il n'aimait pas bien ça !
                             Pogner de la «gueurnouilIe» à la journée, ça devient fati-
                             gant. Il prétendait qu'il devait être le champion des preneurs
                             de grenouilles! Mais ceci n'était qu'une de ses fonctions
                             parmi tant d'autres. Il peinturait les chaloupes et pêchait. Il
                             nageait comme un poisson. Une fois qu'il avait peinturé un
                             banc, près du club, une pensionnaire s'avance et vient
                             s'asseoir dessus! Quand elle s'est relevée, elle avait le nom


                                                          Ils
   105   106   107   108   109   110   111   112   113   114   115