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CLIMATOLOGIE 119
ouest du comté de Soulanges, présente la plus complète variation de
température (--27° à + 93° Farenheit) et aussi le plus grand nombre de
jours propices à la culture du 20 avril au 20 novembre. Ainsi, pen-
dant une belle saison, les cultivateurs, de Gaspé à Rimouski, peuvent
compter sur près de cinq mois de travail agricole; de Rimouski aux
Trois-Rivières, sur près de six mois; et, des Trois-Rivières au comté de
Soulanges, sur sept mois.
Les renseiynements transmis de génération en génération depuis
l'établissement de la colonie, témoignent combien les premiers colons
ont souffert des gelées tardives du printemps et des gelées hâtives de
l'automne, alors qu'il n'y avait encore que d'étroites éclaircies dans la
forêt où l'on put cultiver. Le même état de choses prévaut encore
dans les centres nouvellement ouverts à la colonisation. Que le climat
de la province de Québec soit si rigoureux n'étonne pas ceux qui réali-
sent que la cité de Montréal, dont la latitude est au-dessous de 46°,
plus au sud que Paris en France, est sur la même ligne isotherme que
Stockholm, capitale de la Suède, qui est au-dessus de la latitude 59°".
La province de Québec étant peu soumise à l'influence de la mer,
les saisons intermédiaires y sont peu marquées, mais l'hiver et l'été y
sont plus soutenus. Le printemps et l'automne passent rapidement:
la vie se révèle par explosion dans les forêts,après un long hi.ver, et
presque aussi brusquement, après un court mais délicieux automne,
commence le sommeil des plantes. Le cycle entier de la. flore s'est
accompli en cinq à sept mois, de mai à la première quinzaine de novem-
bre. Dès qu'elles sont tombées, vers les premiers jours de décembre,
les neiges restent sans se fondre et durcissent peu à peu. Grâce à cette
couche protective, les plantes sont à l'abri de la gelée qui les menace-
rait sous un climat moins rude; la neige abrite même les maisons contre
le froid.
La neige sert à tenir la terre chaude en hiveret à la fertiliser, parce
que: 1° sa conductibilité étant très faible, lorsqu'elle couvre d'une
épaisse couche la surface du sol, la température de ce dernier ne s'a-
baisse pas au-dessous du point de congélation, tandis que celle de l'air
est beaucoup pus basse; 2° parce que la neige contient de l'acide
carbonique, et même souvent des nitrates et de l'ammoniaque, subs-
tances azotées fertilisantes qui, lorsque la neige fond, pénètrent lente-
ment dans le sol et s'insinuent dans les sillons et les mottes de terre.
Enfin, la neige tempère la chaleur ardente de l'été en refroidissant les
vents qui passent sur le sommet des montagnes; lorsqu'elle s'amasse
dans les lieux élevés, elle sert, en fondant, à alimenter les rivières, qui
se convertiraient en torrents dévastateurs ou en vastes lacs, si la même
quantité d'eau leur arrivait sous forme de pluie, dans un temps trop
court.
Il ne faut donc pas croire que la rigueur du climat canadien soit
un obstacle à la culture des céréales, des plantes fourragères, des raci-
nes et des fruits. Bien au contraire. La province de Québec est d'une