Page 140 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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       d'exercer,  à  l'endroit  de  cette  famille  de  Juifs,
       une tolérance exagérée.
           Enfin, Moses  consentit,  le  dix  avril  1799, à
       épouser  la  jeune  fille  que  ses  parents  lui  desti-
       naient. Naturellement,  elle était juive,  et de plus
       sa cousine. Ce mariage resserrait encore les liens
       des rares familles israélites  de  la province.  Elle
       s'appelait  Sarah Judah, fille d'Uriah Judah, à cet-
       te époque marchand à Verchères mais ancien Tri-
       fluvien, et qui entretenait  constamment  avec Aa-
       ron Hart,  son protecteur  et  son  beau-frère,  un
       commerce régulier.

           Cette  union  fut-elle  un  mariage  d'amour?
       Rien ne porte à le croire, et ce serait mal connaî-
       tre le tempérament  de Moses que de le croire ca-
       pable  de  s'attacher  à  une  seule  femme,  encore
       moins à celle que lui imposaient  les siens. Il n'é-
       tait  pas  l'homme  d'un  seul  amour,  pas  plus  que
       d'une  seule entreprise. Il subit la contrainte pen-
       dant des mois, surveillé par  son  père  qu'il  véné-
       rait et qui était bien  le seul  être au monde qu'il
       eut vraiment  aimé.  Mais c'était  un  amour  com-
       plexe,  tantôt  filial,  tantôt  d'intérêt,  qui  toutefois
      consolait Moses de ne  même pas  connaître le vé-
      ritable amour chez lui.
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