Page 13 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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14 LES ANOENS CANADIENS
raffolait et qu'il se proposait d'apporter au collège. Il est bien
vrai que, dans un premier mouvement de colère, il l'avait pour-
suivi avec un gourdin sous les tables, sous les lits et meme
jusque sous le toit de la maison, où le méchant animal s'~t
réfugié, comme dans une forteresse inexpugnable. Mais il lui
a pardonné ses forfaits, et il s'informe de sa santé.
- Ah çà! dit Baron le traversier, qui prenait peu d'intéret 11
cette scène, ah çà! dit-il d'un ton bourru, quand vous aurez fini
de vous lécher et de parler de chien et matou, vous plairait-il
d'avancer? la marée n'attend personne.
Malgré l'impatience et la mauvaise humeur de Baron, les
adieux des jeunes gens à leurs amis de collège furent longs et
touchants. Les régents les embrassèrent avec tendresse.
- Vous allez suivre tous deux la carrière des armes, leur dit
le supérieur; exposés, sans cesse, à perdre la vie sur les champs
de bataille, vous devez doublement aimer et servir le bon Dieu.
S'il est dans les décrets de la Providence que vous succombiez,
soyez prêts en tout temps, à vous présenter à son tribunal avec
une conscience pure. Que votre cri de guerre soit: Mon Dieu,
mon roi, ma patrie!
Les dernières paroles d'Arché furent:
- Adieu, vous tous qui avez ouvert vos bras et vos =urs 11
l'enfant proscrit; adieu, amis généreux, dont les dlorcs constants
ont été de faire oublier au pauvre exilé qu'il appartenait à une
race étrangère à la VÔtre! Adieu! Adieu! peut~ pour tou-
jours.
Jules était très affecté.
- Cette séparation serait bien cruelle pour moi, dit-il, si je
n'avais l'espoir de revoir bientôt le Canada avec Je régiment
dans lequel je vais servir en France.
S'adressant ensuite aux régents du collège, il leur dit:
- J'ai beaucoup abusé de votre indulgence, messieurs, mais
vous savez toUS que mon cœur a toujours mieux valu que ma
tête: pardonnez 11 l'une, je vous prie, en faveur de l'autre.