Page 12 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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LES ANCIENS CANADIENS                                  13


             - NoD, mon cher de Laronde, répliqua d'Haberville; oh!
          que non, je t'assure; mBÏJl, puisqu'il faut que cette séparation
           pénible ait lieu, je suis pressé d'en finir: ça m'énerve.  II est
           bien naturel aussi que j'aie hâte de revoir mes chers parents.
             -C'est juste, fit de Laronde; et, d'ailleurs, puisque tu es
          Canadien, nous vivons dans l'espoir de te revoir bien vite.
             - II n'en est pas de même de to~ cher Arché, dit un autte:
           je crains bien que cette séparation soit éternelle, si tu rentres
          dans ta pauie.
             - Promets-nous de revenir, cria-t-<ln de toutes pans.
             Pendant ce colloque, Jules part comme un UaÎt au-devant de
          deux hommes s'avançant à grands pas, le long de la cathédraIe,
           avec chacun un aviron sur l'épaule droite.  L'un d'eux porte le
          costume des habitants de la campagne: capot d'étoile noire
           tissée dans le pays, bonnet de laine grise, mitasses et jarretières
          de la même teinte, ceinture aux couleurs variées, et gros souliers
          de peau de bœuf du pays, plissés à l'iroquoise. Le rostume de
           l'autre est à peu près celui des deux jeunes voyageurs, mail
           beaucoup moins riche.  Le premier, d'une haute stature, IUJ][
           manières brusques, est un uaversier de la Pointe-UviJ.  Le
          second, d'une taille moyenne, aux formes athlétiques, est au
          service du capitaine d'HaberviIIe, père de Jules: soldat pendant
           la guerre, il prend ses quartiers chez lui pendant la paix.  II est
          du même Age que son capitaine, et son frère de lait. C'est
           l'homme de confiance de la famille: il a bercé Jules, il l'.
          souvent endormi dans ses bras, en chantant les gaiJI refrains de
           nos voyageurs des pays hauts.
             - Comment te portes-tu, mon cher José?   Comment ..tu
           laissé ma famille? dit Jules, en se jetant dans ses bras.
             Une question n'attend pas l'autre; Jules s'informe des domes-
           tiques, des voisins, du vieux chien, qu'il avait nommé Nig.,.,
          comme preuve de ses progrès dans la langue latine.   II ne
          garde pas même rancune au chat glouton qui, l'année pn!d-
          dente, avait croqué tout vif un jeune rossignol privé dont il
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