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Conclusion










                                 La carte n'est pas une image neutre et objective d'un espace donné
                           Elle peut Atre considérée comme une représentation sélective des 616-
                           ments de composition d'un paysage, c'est-à-dire un discours sur un terri-
                           toire.  II y a de multiples façons de voir  la  cartographie, et l'une d'elles
                           nous incite A  l'examiner  comme un objet ou un instrument du pouvoir.
                           Selon les époques et les lieux, ces differentes formes de pouvoir tnter-
                           vcennent dans le processus de réalisation d'une carte et. souvent, c'est
                           l'ttat qui contrôle la production de l'image cartographique du territoire.
                                 Le territoire colonial se  prête particulierement 3  cette interpréta-
                           tion.  Dans un tel contexte,  l'espace occupe  une place prépondkrante,
                           puisqu'il est le champ de l'action, le lieu où se manifestent les stratégies
                           de l'État. Outil par excellence pour apprivoiser l'espace,  la carte repré-
                           sente donc aux yeux des autorites un objet qu'il faut contrôler.

                                 C'est ce qui  se produit dans la vallée laurentienne. Au lendemain
                           de la conqudte de la Nouvelle-France par les Britanniques. les nouveaux
                           dirigeants établissent  d'abord un gouvernement militaire auquel succé-
                           dera une structure administrative coloniale, dont les objectifs seront I'oc-
                           cupation et l'exploitation de I'espace, ainsi que I'assimtlation du peuple
                           conquis. L'un des instruments alors utilise sera prkcisément la production
                           cartographique. Les cartes sont, en d'autres  mots. les temoins des stra-
                           tégies d'aménagement,  d'organisation et d'exploitation de l'espace par
                           l'administration  britannique.
                                 Pour s'assurer du contenu de l'image cartographique produite ajors
                           au Québec, l'État doit garder la haute main sur les producteurs. Au cours
                           des 80 années qui suivent la Conquête, on compte trois pôles majeurs de
                           production cartographique qui sont tous, plus ou moins, sous la gouverne
                           de l'État. Il y  a d'abord les militaires, comprenant l'armée et  la marine.
                           C'est  le Corps des ingénieurs royaux qui effectue les travaux pour  I'ar-
                           me@ et son commandant est la plus haute autorité militaire de la colonie;
                           pour l'époque qui nous intéresse, c'est habituellement le gouverneur. Pour
                           leur part,  les marins relévent de l'amirauté,  mais les intentions de ses
                           dirigeants correspondent assurément h celles du gouverneur.
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