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PIERRE DE LA RUE, ABBE DE L'ISLE-DIEU

L'&lise catholique a-t-elle actuellen~ent plus de liberté au
Canada que les rois de France lui en accordaient sous le régime
français 7 Nous serions presque tenté de l'affirmer. Que de
situations étranges vit le régime français au Canada ! L'histoire
ne nous dit-elle pas qu'un évêque de Québec ne mit jamais les pieds
dans son diocèse? Mgr de Mornay, en effet, fut coadjuteur puis
évêque de Québec de 1714 à 1733, et ne vint jamais prendre posses-
sion personnelleinent de son siège.

Voici un autre cas presque aussi étrangc . L'abbé de L'Isle-
Dieu gouverna l'église de Québec de 1739 à 1741 et, cependant,
il vivait à Paris et n'était jamais venu dans la Nouvelle-France.
Hatons-nous d'ajouter, toutefois, que l'abbé de L'Isle-Dieu était
un homme sage, d'un grand jugement et d'une expérience consom-
mée. Sa situation n'en était pas moins insolite par suite du peu
de liberté que le roi de France accordait au saint-siège pour gou-
verner IIEgiise dans ses états.

Pierre de La Rue, plus connu sous le titre d'abbé de L'Isle-
Dieu, Btait né en 1688 et avait d'abord été aumônier de l'illustre
famille de Morteniart. En 1722, il devenait le trente-sixième
abbé de L'Isle-Dieu, abbaye fondée en 1187, à quelques lieiies
de Rouen.
Dès le 11 mai 1734, bls' Dosquet écrivait au ininistre : " J'ai
jeté les yeux sur M. de La Rue, abbé de L'Isle-Dieu, pour être mon
grand-vicaire à Paris . C'est un homme qui a beaucoup d'esprit
et beaucoup de monde."

Le ministre accepta le choix de Mcr Dosquet et l'abbé de
L'Isle-Dieu resta le grand vicaire de I'év&qur de Québec à Paris
pendant un demi-siècle (1734-1777). 11 décéda en 1779, à l'âge
de 91 ans.
L'abbé de L'Isle-Dieu avait rendu taiit de services à I'Egiise
canadienne, qu'il continua, après le traité de 1763, à remplir ses
fonctions d'intermédiaire auprès dcs cours de Rome et de France.
Il avait le titre officiel d'aumônier général des colonies de la Nouvelle-
France.