Page 52 - Annuaire Statistique Québec - 1918
P. 52
26 CARACTÈRES PHYSIQUES
La plaine des terres basses du Saint-Laurent eet une contrée plate
et basse, présentant une altitude moyenne de cent pieds au-dessus du
niveau de la mer. Mais cette uniformité est brisée par quelques collines
d'origine éruptive qui s'élèvent abruptement de la plaine plate et qui
forment des traits saillants du paysage autrement monotone.
Période Glaciaire et Dépôts Modernes
A la fin de l'époque dévonienne, un mouvement général d'exhaus-
sement élevait toute l'étendue de la province de Québec au-dessus du
niveau des mers, et cette surface émergea durant les âges géologiques
ultérieurs. Donc aucune sédimentation n'y eut lieu, mais au contraire
les terrains y furent soumis aux processus d'érosion et de dénudation,
tant atmosphériques que fluviatiles, entre le dévonien et la fin de la
période glaciaire. D'où l'absence d'assises paléozoïques supérieures (car-
bonifères et permiennes) mésozoïques et tertiaires.
Durant la période glaciaire, toute l'étendue dela province de Québec
fut recouverte d'une épaisse calotte de glace, qui se prolongeait vers le
sud dans les :f:tats-Unis. Cet immense glacier ou nappe, qui avait
un mouvement de progression lent mais continu, semblait avoir son cen-
tre d'origine et d'alimentation dans la partie centrale de la péninsule du
Labrador; on le désigne sous le nom de nappe glaciaire labradoréenne.
Les stries, cannelures et dépôts glaciaires indiquent que le mouve-
ment de la glace rayonnait du centre d'origine dans toutes les directions,
et, au cours de son cheminement, le glacier enlevaü et transportait le
sol, la surface décomposée des roches, et rabottait profondément et
striait lm, formations sur lesquelles il passait. C'est à l'action de cette
calotte p;1aciaire que nos hauteurs laurentiennes, ainsi que la plupart
des collines au sud du fieuve Saint-Laurent, doivent leurs formes et
contours arrondis, et leur uniformité de niveau sur la ligne d'horizon.
A la fin de l'époque glaciaire, il y eut un affaissement qui amena
un envahissement des eaux marines dans les vallées du fleuve Saint-
Laurent et de la rivière Ottawa. De plus, le front du glacier qui retrai-
tait graduellement vers le nord, formait un barrage continu qui retenait
les eaux; ceci donna lieu à la formation de grandes nappes d'eau inté-
rieures, jusqu'à ce que le glacier ait suffisamment reculé pour permettre
l'écoulement et l'égouttement par la baie d'Hudson.
Durant cette période de submergence il se forma des dépôts épais
d'argiles marines et de sables qui, dans la province de Québec, att~ignent
leur plus grand développement dans la région des basse:; terres dl1 Saint-
Laurent. L'argile qui est lourde et généralement de couleur bleue, est
l'argile Léda qui tire son nom d'un coquillage marin qui y abonde.
On en observe de larges bancs tout le long des rives du fleuve
Saint-Laurent, et eUe est très épaisse en certains endroits de la ville
de Montréal. Le sn.ble,dont d'épaisses couches surmontent souvent cette
argile, est le sable à Saxicaves. Il y en a de gros dépôts tant au sud
qu'au nord du fleuve Saint-Laurent. Cette période de sédimentation
qui suivit l'époque glaciaire a reçu le nom de période Champlain, dans
le Canada est, et la submergence marine de la partie sud de la Province
est désignée sous le nom de mer Champlain.