Page 33 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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               griffes d'ours, qui lui serrent les épaules: il se retourne tout
               effarouché, et se trouve face à face avec la Corriveau, qui se
               grapignait amont lui.  EUe avait passé les mains à travers les
               barreaux de sa cage de fer, et s'efforçait de lui grimper sur le
               dos; mais la cage était pesante, et, à chaque élan qu'elle
               prenait, elle retombait à terte avec un bruit rauque, sans lâcher
               pourtant les épaules de mon pauvre défunt père, qui pliait sous
               le fardeau.  S'il ne s'était pas tenu solidement avec ses deux
               mains a la clôture, il aurait été écrasé sous la charge.  Mon
               pauvre défunt père était si saisi d'horreur, qu'on aurait entendu
                l'eau qui lui coulait de la tête tomber sur la clôture, comme des
               grains de gros plomb à canard.
                  -  Mon cher François, dit la Corriveau, fais-moi le plaisir de
               me mener danser avec mes amis de 1'1le d'Orléans.
                  - Ah! satanée bigre de chienne! cria mon défunt père
                (c'était le seul jurement dont il usait, le saint homme, et encore
               dans les grandes traverses).
                  - Diable! dit Jules, il me semble que l'occasion était favora-
               ble! quant amoi, j'aurais juré comme un païen.
                  -  Et moi, reprit Arché, comme un Anglais.
                  - Je croyais avoir pourtant beaucoup dit, répliqua d'Haber-
               ville.
                  - Tu es dans l'erreur, mon cher Jules!  Il faut cependant
               avouer que messieurs les païens s'en acquittaient passablement,
               mais les Anglais! les Anglais!  Le Roux qui, aptès sa sorrie du
               collège, lisait toUS les mauvais livres qui lui tombaient sous la
               main, nous disait, si ru t'en souviens, que ce polisson de Voitaire,
               comme mon oncle le Jésuite l'appelait, avait écrit dans un
               ouvrage qui traite d'événements arrivés en France sous le règne
               de Charles VII, lorsque ce prince en chassait ces insulaires,
               maîtres de presque tout son royaume; Le Roux nous disait que
               Voltaire avait écrit que «tout Anglais jure >.  Eh bien, mon
               /ils, ces événements se passaient vers l'année 1445; disons qu'il
               y ait trois cents ans depuis cette époque mémorable et juge
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