Page 79 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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ALBERT LABERGE (1871-1960)




                                           kcw&pied   6i'~~.Sausa ~.lot~d'unakmillc~k~
                                           unrf#medervisnnsmdcr~anttuphysipwgvgvaumoitil.zlon~bmsrt~juna
                                           kmirtkurnir&upDinwrecm~m.G~durrondcpganduilzonromrn
                                           La  scarhe (1918)  lui attire lar iwdw de r  w  da Monaail. Qurnt A  I'W m hlrroren
                                           liaenii.s Camik  Roy, Il hi om&  le 6ue de a pbre de h pornogiphl6 au  CwL B.   1


                                           LA COMPLAINTE DE LA FAUX
                                           Un  homme  A barbe  inailce, la  figure  mangée  par  la  petite  vdrole,
                                      fauchait, pieds nus, L maigre rhlte. Il portait unc chemise de coton a était
                                      coiff' d'un mediant chapeau de paille.
                                      Les longues  journées de  labeur  et  la  faraiité  l'avaient  cou&,   et  ii  se
                                   s  déhanchait a chaque effort. Son andain fini, il s'arrêta pour aiguiser sa  faux
                                      et jem un regard indiffiirenc sur les promeneurs qui passaient. La  pierre crissa
                                      sinistrement sur l'acier, Dans la main du uadcur, elle voltigeait rapidement
                                      d'un c6d fi i'auue de la lame. Le froid grincement rersemblait & une piainte
                                      douloureuse et jamais entendue.. .
                                   IO  C'ktair la Complainte de la  Faux, une chanson qui disait le nide rravail de
                                      tous les jours,  les confinudes privations, les soucis pour conserver La  terre
                                      ingrate, l'avenir incertaio, la vieillesse lamcnrabIe, une vie de ke de somme  ;
                                      puis la h, mort,  paume er  nu comme en  naissant, et le même  lot de
                                                la
                                      misères laissé en héritage aux e&ts  sortis de son sang, qui perpétueront la
                                   is  race de. ttemels exploités de la giebe.
                                      La  pierre crissa plus douloureusement, a ce Fut dans le mir, comme le cri
                                      d'une longue agonie.
                                      L'homme se remit A la besogne, se dthanckant davantage.
                                      Des sauterelles aux longues pattes dansaient suc la  route,  comme pour x
                                   20  moquer da dom du paysan.
                                      Plus loin, une pièce de sarrasin rhld mettait sur le sol comme une grande
                                      nappe rouge, sanglante.
                                      Lcs feux que les fermiers allumaient dgulierement chaque printemps a  m
                                      les semailles, et chaque automne après le- travaux, avaient hr! @ et Id  de
                                   25  grandes  taches  gises semblables  des plaies,  et la terre paraissait  comme
                                      rongée par un cancer, la lèpre, ou quelque &die   honteuse et implacable.
                                      A de certains endroits, les d6nires avaient et6 consumées et des pieux calcinés
                                      dressaient leur ombre noire dans la plaine, comme une longue proession de
                                      moines.
                                   w Cdiarlot et  la  Scouine arrivèrent  enfin chez  eux,  et &6,  5 soupèrenr
                                      voracement de pain sur et amer, marqué d'une croix.








                 Terroir et anti-terroir
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