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PRÉVOST
Avait-il franchi l'Atlantique en même temps que
les premières Ursulines et Hospitalières, arrivées le 1er
août précédent? Fort possible. La Compagnie des Cent-
Associés l'avait probablement recruté en France, car il
venait à Québec pour y occuper le poste de commis du
magasin de ce syndicat établi par le cardinal Richelieu.
À cette époque, Algonquins et Montagnais fré-
quentaient les Français installés au pied du cap aux
Diamants. Au cours de l'automne de 1637, un couple
amérindien ayant au moins un fils et une fille vint
passer l'hiver à toute proximité des Français, recher-
chant leur voisinage, écurisant. Les missionnaires bap-
tisèrent les deux enfants. Le garçonnet reçut le prénom
de François, que lui donna son parrain, François de Ré,
sieur de Gand, et la fillette, celui de Marie. On ne sait
qui fut le parrain de celle-ci, mais il est permis de croire
que ce fut Olivier Letardif, qui était alors le commis
général des Cent-Associés à Québec, car il devait en-
suite l'adopter comme sa propre fille.
Letardif confia la petite à un ménage fort estimé,
celui de Guillaume Hubou et de Marie Rollet. Cette
dernière était la veuve de Louis Hébert, notre premier
colon. Martin Prévost fut sans doute sensible aux
charmes exotiques de cette jeune Amérindienne qu'il
voyait déambuler chaque jour près du magasin des
Cent-Associés, car Marie de l'Incarnation et Mme de la
Peltrie assuraient sa formation scolaire, et on peut devi-
ner qu'elle ne manquait pas d'attraits: les missionnaires
disaient de son frère qu'il était «fort bel enfant».
Le 3 novembre 1644, donc, le père Barthélemy
Vimont bénissait leur mariage en présence d'Olivier
Letardif et de Guillaume Couillard, gendre du regretté
Louis Hébert. Deux ans plus tôt, c'est ce missionnaire
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