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                                   tion.  Car les besoins de l'édueation  et des pauvres devant augmenter à mesure
                                         . .
                                   que la ~ooulation s'acerottra. il faudra que cette reiite auemeiitdt dam la même
                                   proportion.  Or comme on ne veut doiiner ausém"  qii'uie rente fixe, il s'ensui-
                                   vra que bient6t eette rente sera insuffiante pour satisfaire aux œuvres dont il
                                   est ebargé par sa fondation.  C'est  une raison  de plus pour  laisser  le .Sémze en   9
                                   possession de ses seigneuries qui s'amélioreront de jour  en jour  et dont le revenu
                                    augmentera à proportion que les besoins  de l'éducation  et des pauvres devien-
                                    dront plus grands.  Je me permettrai aussi de faire observer à V.  Ex. que le peu-
                                    ple de eette Province étant attaché aux lois françaises qui lui ont &té garanties
                                    par  la  Capitulation,  le  Sm"  de Montréal  manquerait  grievement  envers ses
                                   eoncitoyens s'il consentait à un arrangement qui tendrait évidemment B anéan-
                                   tir ces lois et à lui substituer les lois  anglaises.  Je n'entreprendrai  pas de dis-
                                   euter ici le droit du Sém"  de Montréal à demeurer en possession  de ses biens.
                                   Je laisse aux Mes"  de cette maison  le soin  de déduire à V.  Ex. les nombreux
                                   titres qui plaident en leur faveur.  Au reste quel que soient ces autorités légales
                                   dont on s'étaie  pour faire voir que le SmrB eat inhabile à posséder, elles doivent
                                   parattre de peu de poids lorsqu'on considère que ce même Sémre a eu la liberté,
                                   lors de la Conquête, de vendre scs biens et d'en emporter le produit en France,
                                   qu'il  a  été laisse  en possession  de  ees  mêmes  biens  depuis laconquete jusqu'b
                                   present,  qu'on  a  meme reconnu  formellement  son existence  en l'admettant  à
                                   foi et hommage comme tous les autres propriétaires  de seigneuries du  Canada.
                                   II  resterait  d'ailleurs  un moyen  bien  facile de faire disparaftre  des doutes  que
                                   I'on  peut avoir sur les titres en vertu desquels il possède ses seigneuries, ee serait
                                    de rxonnaftre  et de confirmer  ces  titres  par  un  acte solennel.  Telles sont les
                                   iélieaions qiie la lecture de la dépêche de Lord  Goderich a fait naftre dans mon
                                   esprit, et, piiisqiie  V.  Ex.  a paru désirer de eonnaltre l'opinion  du clergé sur la
                                    transaction proposee,  je  puis  aeirmer,  sam craindre de blesser  la  vbrité,  qu'il   "
                                    partage mon opinion. Cette opinion, il l'a clairement manifestée dans une requê-
                                   te qu'il  a adressee  unanimement  à S. M., en 1829 polir conserver  au SémXB de
                                    Montréal la possession  de ses biens.  J'en  puis dire autant du peuple de cette
                                   Province  qui a exprimé ses vœux à S.  M. pour le même objet  par  le mhiitbre
                                    de  ses representans.  Interesse comme  je  le  suis  à la cnnservation  des  biens
                                    ecclésiastiques de mon diocbse, je  croirais manquer aux devoirs de ma eharge et
                                   à ce que je dois à mon pays, si je ne faisais mes efforts pour  les conserver B ceux
                                    qiie je  ne puis m'empêcher  de regarder comme leurs legitimes possesseurs.  J'ai
                                   cru devoir faire part  de ces rétlexions  à V.  Ex.  pour  répondre  à la confiance
                                    qu'elle  a  bien  voulu me témoigner.  Je me flatte qu'elle  goiitera les raisons  qui
                                   me portent à désirer ardeniment que le SémXe de Montréal n'en  vienne pas à un
                                    arrangement qui ne saurait être bien  vu des vrais amis du pays et qui, dans la
                                    circonstance actuelle où les biens du ci-devant ordre des Jésuites viennent d'être
                                    rendus à leur destination primitive, ne manquerait pas d'être une cause de mur-
                                    mures interminables contre le Gouvernement de S. M.  V. Ex. me permettra de
                                    lui faire passer  une copie d'un  mémoire que mon digne prédécesseur, Ma' J.-0.
                                    Plessis,  présenta  en  1819 à Lord  Bathurst sur I'affaire  qui fait l'objet  de ma
                                    présente  lettre.  Ce  prélat,  dont la mémoire sera longtemps  chère aux Cana-
                                    diens, prevoyait dés cette époque les maux qui résulteraient pour la province de
                                    la  mesure  que l'on  désire  aujourd'hui amener à conclusion.  A  son exemple je   :
                                    prie  Dieci  qu'il  termine ma carrière  avant  d'avoir  à déplorer  les  suites  d'une
                                    transaction qui, si elle a lieu,  ne pourra qu'être funestre à la religion,  desavan-
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