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248 ARCHIVES DE QUEBEC
tion. Car les besoins de l'édueation et des pauvres devant augmenter à mesure
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que la ~ooulation s'acerottra. il faudra que cette reiite auemeiitdt dam la même
proportion. Or comme on ne veut doiiner ausém" qii'uie rente fixe, il s'ensui-
vra que bient6t eette rente sera insuffiante pour satisfaire aux œuvres dont il
est ebargé par sa fondation. C'est une raison de plus pour laisser le .Sémze en 9
possession de ses seigneuries qui s'amélioreront de jour en jour et dont le revenu
augmentera à proportion que les besoins de l'éducation et des pauvres devien-
dront plus grands. Je me permettrai aussi de faire observer à V. Ex. que le peu-
ple de eette Province étant attaché aux lois françaises qui lui ont &té garanties
par la Capitulation, le Sm" de Montréal manquerait grievement envers ses
eoncitoyens s'il consentait à un arrangement qui tendrait évidemment B anéan-
tir ces lois et à lui substituer les lois anglaises. Je n'entreprendrai pas de dis-
euter ici le droit du Sém" de Montréal à demeurer en possession de ses biens.
Je laisse aux Mes" de cette maison le soin de déduire à V. Ex. les nombreux
titres qui plaident en leur faveur. Au reste quel que soient ces autorités légales
dont on s'étaie pour faire voir que le SmrB eat inhabile à posséder, elles doivent
parattre de peu de poids lorsqu'on considère que ce même Sémre a eu la liberté,
lors de la Conquête, de vendre scs biens et d'en emporter le produit en France,
qu'il a été laisse en possession de ees mêmes biens depuis laconquete jusqu'b
present, qu'on a meme reconnu formellement son existence en l'admettant à
foi et hommage comme tous les autres propriétaires de seigneuries du Canada.
II resterait d'ailleurs un moyen bien facile de faire disparaftre des doutes que
I'on peut avoir sur les titres en vertu desquels il possède ses seigneuries, ee serait
de rxonnaftre et de confirmer ces titres par un acte solennel. Telles sont les
iélieaions qiie la lecture de la dépêche de Lord Goderich a fait naftre dans mon
esprit, et, piiisqiie V. Ex. a paru désirer de eonnaltre l'opinion du clergé sur la
transaction proposee, je puis aeirmer, sam craindre de blesser la vbrité, qu'il "
partage mon opinion. Cette opinion, il l'a clairement manifestée dans une requê-
te qu'il a adressee unanimement à S. M., en 1829 polir conserver au SémXB de
Montréal la possession de ses biens. J'en puis dire autant du peuple de cette
Province qui a exprimé ses vœux à S. M. pour le même objet par le mhiitbre
de ses representans. Interesse comme je le suis à la cnnservation des biens
ecclésiastiques de mon diocbse, je croirais manquer aux devoirs de ma eharge et
à ce que je dois à mon pays, si je ne faisais mes efforts pour les conserver B ceux
qiie je ne puis m'empêcher de regarder comme leurs legitimes possesseurs. J'ai
cru devoir faire part de ces rétlexions à V. Ex. pour répondre à la confiance
qu'elle a bien voulu me témoigner. Je me flatte qu'elle goiitera les raisons qui
me portent à désirer ardeniment que le SémXe de Montréal n'en vienne pas à un
arrangement qui ne saurait être bien vu des vrais amis du pays et qui, dans la
circonstance actuelle où les biens du ci-devant ordre des Jésuites viennent d'être
rendus à leur destination primitive, ne manquerait pas d'être une cause de mur-
mures interminables contre le Gouvernement de S. M. V. Ex. me permettra de
lui faire passer une copie d'un mémoire que mon digne prédécesseur, Ma' J.-0.
Plessis, présenta en 1819 à Lord Bathurst sur I'affaire qui fait l'objet de ma
présente lettre. Ce prélat, dont la mémoire sera longtemps chère aux Cana-
diens, prevoyait dés cette époque les maux qui résulteraient pour la province de
la mesure que l'on désire aujourd'hui amener à conclusion. A son exemple je :
prie Dieci qu'il termine ma carrière avant d'avoir à déplorer les suites d'une
transaction qui, si elle a lieu, ne pourra qu'être funestre à la religion, desavan-