Page 182 - monseigneur
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Je vais vous parler un peu de la vie de mon mari, qui pas-
sait ses semaines sur le chemin! Comme inspecteur, il devait
analyser, vérifier la qualité des divers produits laitiers: lait,
beurre, fromage. Il y avait des beurreries et des fromageries. Il
examinait la couleur, la textur~ et le goût de ces produits. Il
utilisait une sonde à l'aide de laquelle il retirait un échantil-
lon qu'il analysait et il faisait un rapport au gouvernement
provincial, pour lequel il travaillait. Selon les résultats des
analyses, il donnait des conseils aux fabricants. Il en a aidé
plusieurs 1
Dans les fromageries, le fabricant était engagé par un
bureau de direction, formé de quelques habitants qui se
nommaient un président. Ces habitants, qui ne connaissaient
rien dans la fabrication du fromage, se fiaient au fabricant
pour que leur fromage soit de première qualité. Ils oubliaient
parfois que pour faire du fromage de première qualité, il faut
du lait propre et bien conservé... L'inspecteur devait défendre
le fromager, s'il était bon, et donner des leçons aux habitants!
Ce n'était pas toujours facile. Les assemblées étaient houleu-
ses quelquefois. J'en rappellerai une en particulier. Ce soir-
là, les habitants étaient montés contre le fabricant et l'inspec-
teur, et se préparaient en conséquence. Les femmes, qui
connaissaient toute j'affaire, prenaient la part de l'inspecteur
et avaient peur pour lui. Elles s'étaient rassemblées dans une
chambre pour voir ce qui se passerait et quelques-unes
disaient même leur chapelet! L'assemblée a commencé vers
les 8 heures et n'a fini qu'à 2 heures du matin! L'inspecteur
Maher ne s'en est pas laissé imposer (ce n'était pas dans sa
nature) ; de plus, il devait les convaincre que c'était eux qui
étaient dans l'erreur; ç'a été dur, mais il a gagné. Upton a
bien achalé (insisté auprès de) l'inspecteur général pour
abolir ces comités d'habitants qui n'avaient pas leur raison
d'être. Ça s'est fait un peu plus tard.
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