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LE
CHA\u00ceNON
HIVER
2024
NOTRE
COMMUNAUT\u00c9
NOS
INSTITUTIONS
r\u00e9v\u00e9lait
une
certaine
admiration
 pour
le
 petit
cordonnier
Comme
 personne
ne
vit
le
 film
(m\u00eame
\u00e0
cette
\u00e9poque
lointaine
l
ONF
se
voulait
exclusif)
le
 Juif
du
coin
retomba
dans
l
anonymat\u2026
 jusqu
aux
 prochains
trous
dans
les
souliers
des
 gens
de
ma
rue
En
descendant
la
rue
vers
St-Andr\u00e9,
 juste
apr\u00e8s
l
\u00e9picerie
d
un
c\u00f4t\u00e9
et
la
cordonnerie
de
l
autre,
on
retrouvait
un
carrefour
de
cours
qui
 faisaient
le
coin
Puis
\u00e0
droite,
une
bicoque
o\u00f9
se
succ\u00e9d\u00e8rent
des
 familles
nombreuses
et
de
nombreuses
 familles
 \u00c0
c\u00f4t\u00e9,
une
maison
\u00e0
trois
\u00e9tages
o\u00f9
vivaient
des
couples
sans
enfants
ou
des
c\u00e9libataires
En
 face,
la
 famille
Th\u00e9riault
compensait
avec
Th\u00e9r\u00e8se,
Lucile,
Paul
 Maurice,
Fran\u00e7ois
Pierrette,
 Jeannine,
 je
crois
Loraine,
 Jacques
et
 j
en
oublie
 peut-\u00eatre
 \u00c0
l
arri\u00e8re
des
Th\u00e9riault,
les
Robillard
avec
leurs
quatre
 fils
dont
un
chante
aujourd
hui
sous
le
nom
de
Bob
Robie,
et
leur
 fille
Constance
Cette
cour
\u00e9tait
un
lieu
de
rendez-vous
surtout
l
hiver
Quoique
 gravement
bless\u00e9
lors
d
une
malheureuse
chute
des
hauteurs
du
Lord
Elgin
en
construction
 M
Robillard
am\u00e9nageait
une
 glissoire
et
une
 patinoire
 pour
les
enfants
de
la
rue
C
est
l\u00e0
que
 plusieurs
 jeunes
 firent
leurs
d\u00e9buts
sur
glace
\u2026
M
et
 Mme
Savard
\u00e9taient
les
voisins
des
Th\u00e9riault
et
des
Robillard
Ils
vivaient
seuls
dans
une
spacieuse
maison
Plombier,
 je
vois
encore
 M
Savard
se
rendre
\u00e0
ses
travaux
\u00e0
bicyclette
avec
sa
torche
ac\u00e9tyl\u00e8ne
bien
attach\u00e9e
\u00e0
son
v\u00e9hicule
Un
 grand
 jardin
depuis
le
trottoir
 jusqu
\u00e0
une
cl\u00f4ture
\u00e0
l
arri\u00e8re,
s\u00e9parait
le
couple
Savard
de
la
 famille
Potvin
Lui
\u00e9tait
 pompier
et
elle
avait
de
v\u00e9ritables
doigts
de
 fleuriste
L
\u00e9t\u00e9,
il
y
avait
un
tas
de
 filles
sur
la
balan\u00e7oire
du
 jardin
\u2013
les
Potvin
n
avaient
que
deux
 fils
et
au
moins
le
double
de
filles
\u2013
car
les
 petites
Paradis
qui
habitaient
\u00e0
l
arri\u00e8re,
se
joignaient
\u00e0
leurs
 petites
amies
de
l
avant
Quasiment
en
 face
du
 jardin
les
Caron
et
les
Lachance
partageaient
une
maison
\u00e0
deux
c\u00f4t\u00e9s
Que
de
 fois
 j
ai
eu
l
occasion
d
appr\u00e9cier
les
bons
sandwiches
de
veuve
Lachance
en
attendant
son
 fils
 Jean
tout
en
 parlant
\u00e0
Marcel
G\u00e9rard
ou
Rita
\u2026
Puis
en
allant
d
une
maison
\u00e0
l
autre,
toujours
\u00e0
la
droite,
il
y
avait
les
Gareau
dont
le
 p\u00e8re
vient
de
mourir;
les
Tapp
d
o\u00f9
nous
livrions
la
 guerre
avec
Donald
aux
 gars
de
la
rue
voisine;
les
Barber,
qui
me
reviennent
\u00e0
l
esprit
non
 pas
\u00e0
cause
du
 fait
qu
un
Noir
avait
\u00e9pous\u00e9
une
Blanche,
mais
\u00e0
cause
de
la
 gentillesse
du
couple;
 puis
les
copains
d
alors
Rodolphe
et
Germain
B\u00e9langer
De
l
autre
c\u00f4t\u00e9,
il
 faut
consid\u00e9rer
les
Brazeau
 Jacques
et
ses
cinq
s\u0153urs
comme
les
 gens
de
ma
rue
 \u00c0
vrai
dire,
seule
la
fa\u00e7ade
donnait
sur
la
rue
St-Andr\u00e9
Puis
en
revenant
vers
le
milieu
de
ma
rue,
il
y
avait
les
Perrier,
 Andr\u00e9,
Guy
et
 plus
tard
Yvon
leurs
locataires
les
Larocque,
 puis
les
Leclair
\u2026
Passons
outre
une
maison
et
retrouvons-nous
chez
garde
 Morin
C
est
ainsi
que
l
on
appelait
un
 petit
bout
d
infirmi\u00e8re
\u00e9nergique
et
d\u00e9vou\u00e9e
comme
dix
Elle
s
occupa
d
abord
de
sa
m\u00e8re,
une
vieille
dame
mince
et
digne,
 puis
d
une
demi-douzaine
de
neveux
et
ni\u00e8ces
 Au-dessus
il
y
avait
les
Roy,
 puis
les
Leduc
\u00c0
c\u00f4t\u00e9,
les
Labelle,
Lucille
et
Laurette,
les
Gamache
en
haut
et
d
autres
Larocque
en
arri\u00e8re
Puis
c
\u00e9tait
 Mme
Lecompte
et
les
 Morissette
\u00e0
l
issu
du
mariage
de
sa
 fille
De
l\u00e0
passons
aux
Vachon
une
 famille
nombreuse,
qui
comprenait
deux
 jumeaux,
 Jacques
et
Robert,
et
\u00e0
 Mlle
 Morelle
 pour
arriver
au
 pompier
Potvin
\u2026
Une
\u00e0
une
les
maisons
se
vid\u00e8rent
 pour
bient\u00f4t
tomber
sous
le
 pic
du
d\u00e9molisseur
Tristes
 jours\u2026
C
est
ainsi
que
disparut
\u00e0
tout
 jamais
la
 petite
rue
St-Joseph
Il
a
bien
vu
Edgard
Demers
que
c
est
l
immense
\u00e9cole
De
La
Salle
qui
se
construit
sur
les
ruines
des
maisons
sur
les
\u00ab
d\u00e9bris
des
propri\u00e9t\u00e9s
\u00bb
des
gens
de
sa
rue
de
la
rue
Notre-Dame
aussi
et
du
c\u00f4t\u00e9
est
de
la
rue
Friel
Mais
il
reconna\u00eet
que
les
 jeunes
de
l
\u00e9cole
redonnent
\u00e0
son
ancien
quartier
\u00ab
la
m\u00eame
animation
que
lors
de
mon
enfance
Voil\u00e0
une
consolation
pour
ceux
et
celles
qui
ont
quitt\u00e9
leur
rue
\u00e0
contre
c\u0153ur
\u00bb
Il
propose
aux
\u00e9l\u00e8ves
un
\u00ab
devoir
de
m\u00e9moire
\u00bb
Les
jeunes
doivent
comprendre
que
le
hall
d
entr\u00e9e
de
leur
\u00e9cole
la
biblioth\u00e8que
la
caf\u00e9t\u00e9ria
les
classes
les
gymnases
l
auditorium
se
trouvent
l\u00e0
o\u00f9
\u00e9taient
le
salon
la
cuisine
les
chambres
le
parterre
ou
la
cour
des
maisons
des
rues
Saint-Joseph
Friel
et
Notre\u0002
Dame
Il
souhaite
que
les
\u00e9l\u00e8ves
et
la
nouvelle
\u00e9cole
se
transforment
en
\u00ab
un
solide
trait
d
union
entre
leur
pr\u00e9sent
historique
notre
pass\u00e9
nostalgique
et
leur
futur
dynamique
\u00bb
Alors
conclut-il
\u00ab
l
\u00e9cole
secondaire
De-La-Salle
deviendra
le
plus
glorieux
des
monuments
vivants
aux
gens
de
ma
rue
\u00bb

                                
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