Page 355 - Annuaire Statistique Québec - 1918
P. 355
INDUSTRIE FORESTIÈRE 301
LA PÉPINIÈRE DE BERTHIERVlLLE
Le problème forestier ne peut être résolu par la régénération natu~
relIe. Si la nature se charge généralement de reconstituer ce que l'on
appelle "l'édifice forestier", il arrive qu'elle n'emploie pas toujours le
matériel que l'on y voudrait. Dans d'autres cas, cette reconstitution
par les seules forces de la nature est à peu près impossible. Ceci est tout
particulièrement vrai des terrains formé de sables mouvants qui par
leur mobilité détruisent, au fur et à mesure, les ébauches de régénéra-
tion fn,ites par la forêt. C'est dire que l'homme doit, dans certrtines
circonf't:mces, avoir recours à la régénération artificielle, faire des emis
ou des plantations.
C'est pour cela que le gouvernement de Québec créait, en 1908, à
BerthierviUe, une pépinière. Il fit, à cet effet, l'acquisition d'une ferme
qui peut être divisée sommairement en trois parties: l'une occupée par
une forêt où se trouvent associées plusieurs essences de valeur et d'un
âge avancé, l'autre affectée aux travaux agricoles, et la troisième aux
expél'iences foresJ..it\res, à la culture proprement dite des arbres destinés
au reboisement ou à l'ornementation. Dans cette partie, les essences
les plu variée~ ~;ont cultivée', non seulement celles du pays, mais encore
celles de l'étranger qui peuvent s'accommoder de nos conditions clima-
tériques. Dans la liste officielle des arbres, nous relevons notamment
le pin sylvestre, le pin de montagne, le pin noir d'Autriche, l'épinette
de Norvège, l'épinette blanche, l'épinette de Sitka, le sapin de Douglas,
le mélèze d'Europe, l'aulne glutineux et le saule de Russie. Ce sont là
des e:::pèces d'arbres que l'on a réus::>i à acclimater et qui contribueront,
dans une certnine mesure, à modifier quelque peu la physionomie de
nos forêts, comme celle de nos parcs et de nos avenues.
La pépinière fournit non seulement des :,tl'bres pour l'enrichisse-
ment de nos for(lt,~ incendiée. ou dépréciées pal' des coupes intensives,
mais encme pour ::;ervir à l'ornementation de la propriété privée, des
terrains scolaires, des parcs et des routes. Parmi les travaux de reblDi-
sement importants, que le gouvernement a entrepris avec les plants
provenant de la pépinière de Berthierville, citons les plantations des
dunes de Lachute, de Berthier Jonction, et celles effectuées dans les
réserveR forestières cantonales de Kénogn.IDi, de Pn.rke, de Macpèi3, de
Normundin, d'Albanel, de Parent et de Cimon.
La création de la pépinière de Bel'thierville répondait à un besoin.
Elle reste une œUVl'e susceptible de rendre des services variés. En
effet, elle stimule, par ses recherches, le culte de l'arbre, montre les
profits que l'on peut, dans certains milieux, tirer des travaux de reboi-
sement, permet l'introduction au pays des arbres précieux particuliers
à d'autres régions et constitue un champ d'expérience où les techniciens
peuvent compléter leurs connaissances.