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INDUSTRIE FORESTIÈRE                           301

                                LA PÉPINIÈRE DE BERTHIERVlLLE
                Le problème forestier ne peut être résolu par la régénération natu~
           relIe. Si la nature se charge généralement de reconstituer ce que l'on
           appelle "l'édifice forestier", il arrive qu'elle n'emploie pas toujours le
           matériel que l'on y voudrait.   Dans d'autres cas, cette reconstitution
           par les seules forces de la nature est à peu près impossible. Ceci est tout
           particulièrement vrai des terrains formé   de sables mouvants qui par
           leur mobilité détruisent, au fur et à mesure, les ébauches de régénéra-
           tion fn,ites par la forêt.  C'est dire que l'homme doit, dans certrtines
           circonf't:mces, avoir recours à la régénération artificielle, faire des emis
           ou des plantations.

                C'est pour cela que le gouvernement de Québec créait, en 1908, à
           BerthierviUe, une pépinière. Il fit, à cet effet, l'acquisition d'une ferme
           qui peut être divisée sommairement en trois parties: l'une occupée par
           une forêt où se trouvent associées plusieurs essences de valeur et d'un
           âge avancé, l'autre affectée aux travaux agricoles, et la troisième aux
           expél'iences foresJ..it\res, à la culture proprement dite des arbres destinés
           au reboisement ou à l'ornementation.     Dans cette partie, les essences
           les plu  variée~ ~;ont cultivée', non seulement celles du pays, mais encore
           celles de l'étranger qui peuvent s'accommoder de nos conditions clima-
           tériques.  Dans la liste officielle des arbres, nous relevons notamment
           le pin sylvestre, le pin de montagne, le pin noir d'Autriche, l'épinette
           de Norvège, l'épinette blanche, l'épinette de Sitka, le sapin de Douglas,
           le mélèze d'Europe, l'aulne glutineux et le saule de Russie. Ce sont là
           des e:::pèces d'arbres que l'on a réus::>i à acclimater et qui contribueront,
           dans une certnine mesure, à modifier quelque peu la physionomie de
           nos forêts, comme celle de nos parcs et de nos avenues.

                La pépinière fournit non seulement des :,tl'bres pour l'enrichisse-
           ment de nos for(lt,~ incendiée. ou dépréciées pal' des coupes intensives,
           mais encme pour ::;ervir à l'ornementation de la propriété privée, des
           terrains scolaires, des parcs et des routes. Parmi les travaux de reblDi-
           sement importants, que le gouvernement a entrepris avec les plants
           provenant de la pépinière de Berthierville, citons les plantations des
           dunes de Lachute, de Berthier Jonction, et celles effectuées dans les
           réserveR forestières cantonales de Kénogn.IDi, de Pn.rke, de Macpèi3, de
           Normundin, d'Albanel, de Parent et de Cimon.

               La création de la pépinière de Bel'thierville répondait à un besoin.
           Elle reste une œUVl'e susceptible de rendre des services variés.     En
           effet, elle stimule, par ses recherches, le culte de l'arbre, montre les
           profits que l'on peut, dans certains milieux, tirer des travaux de reboi-
           sement, permet l'introduction au pays des arbres précieux particuliers
           à d'autres régions et constitue un champ d'expérience où les techniciens
           peuvent compléter leurs connaissances.
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