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MESSIER


                   L'étymologie de ce nom vient d'un mot latin, "messis ''.. qui
               sjgnific moisson.  Messier exprime la profession de/celui qui a
               la garde des moissons,   On' trouve ce nom dans les premières
               pages des annal ss de Ville-Marie.  Au printemps de l'année
               166i, Messiel' tomba entre l~s mains des Iroquois qui l'emme-
               nèrent captif dans leur pays.  D'alltreLFrançais qui avaient ét~
               pris en meme emp; rappOl'tèrenl que MessicI!avait été brûlé,
               sans pouvoir préciscr le jour de sa mort.  Celte nouveUe repan-
               dit le deuil dans Ville-:Nlarie: Michel Messier étan allié aux
               familles les plus honorables.  Il avail épousj}Anne Le oyne,
               et par là était devenu l'oncle de l'illustre d'Iberville et de Jeanne
               Le Ber, la recluse.  l\Iais heureusement la nouvelle/était fausse.
               Rien de plus touchant que le récit de sa captivité el de sa déli-
               vrance l~aconté par' l'abb' .. aI on,  "Les Iroquois, (lit-il, qui
               l'avnient destiné au feu et qui le conduisaient dans leur pays,
               craignant qu'iLQë s'échappât de leur mains, avaient soin de le
               lier durant la nuit et de meUre, de plus, ses mains et ses pieds
              dans des fentes de grosses pièces de bois en forme d'entraves
               Ces bois, ouverts avec violence, venant à se l'esserrer, étaient
               pour lui une torture des plus horribles, augmentée encore par
               la rigueur du (l'oid; car, ayant élé pris vers .]a 'fin de l'hiver,
               il n'a pour lit  ue la neige.  Enfin, depeur qu'i} nëS'échappât,
               malgré ses ëiifraves, l'Iroquoi~/al1qllel ce prisonnier était échu
                avait coutume de se coucher snI' les pied!" de son captif, afin
               d'être éveillé jsi l'autre venait à ,f~ le moill(~re mouvement.
                Ce tourmenydura un temp cOf,ls'ldcl'able, les vamqueurs s'étant
               détournés de lenr route pour se livrer à la chasse; 1et, penda.nt
                le jour, le  risonpier était eUcOre obligé de porter/sur son dos
                leur b~ge, comme s'n eût été une bête de charge, ce qui
                pourtant lui était plus tolérable qne le repos de la nuit.
                    On approchait du bo rg où il devait terminer a vie, lors-
                qu'il Fésolllt de faire un effort pour s'échapper, et, après avoir
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