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LE
CHA\u00ceNON
HIVER
2023
45
Ma
m\u00e8re
\u00e9tait
une
femme
forte
d\u00e9vou\u00e9e
et
dynamique
dot\u00e9e
d
une
foi
in\u00e9branlable
en
Dieu
Une
femme
qui
s
est
engag\u00e9e
\u00e0
fond
dans
sa
communaut\u00e9
et
qui
a
su
s
adapter
au
mode
de
vie
toujours
en
\u00e9volution
Je
raconte
sa
vie
comme
elle
me
l
a
racont\u00e9e
Pour
apporter
un
peu
plus
de
clart\u00e9
ou
de
profondeur
\u00e0
ses
propos
j
ai
inclus
le
contexte
sociohistorique
de
certaines
situations
Par
exemple
lorsque
je
d\u00e9cris
comment
elle
a
v\u00e9cu
la
Grande
D\u00e9pression
des
ann\u00e9es
1930
je
me
suis
permise
de
citer
des
ouvrages
qui
traitent
de
cette
p\u00e9riode
\u00e9prouvante
Je
retrace
les
faits
marquants
de
sa
longue
vie
son
engagement
communautaire
mais
aussi
les
\u00e9v\u00e9nements
importants
qui
ont
ponctu\u00e9
le
d\u00e9veloppement
de
la
ville
de
Hearst
J
ai
aussi
fait
consid\u00e9rablement
de
recherches
sur
ses
anc\u00eatres
\u2013
donc\u2026
les
miens
\u2013
en
me
basant
sur
les
arbres
g\u00e9n\u00e9alogiques
qu
elle
avait
constitu\u00e9s
La
rivi\u00e8re
Mattawishkwia
est
l
un
des
symboles
de
la
ville
de
Hearst
o\u00f9
\u00e9taient
profond\u00e9ment
plong\u00e9es
ses
racines
ce
qui
a
influ\u00e9
sur
le
choix
du
titre
Le
mot
Mattawishkwia
est
d
origine
algonquine
On
lui
accorde
diff\u00e9rentes
significations
mais
celle
adopt\u00e9e
par
la
municipalit\u00e9
est
\u00ab
virages
\u00e0
l
embouchure
de
la
rivi\u00e8re
\u00bb
La
vie
comme
une
rivi\u00e8re
prend
souvent
des
tournants
au
cours
des
ann\u00e9es;
j
aime
faire
ce
parall\u00e8le
entre
la
vie
de
ma
m\u00e8re
et
la
rivi\u00e8re
Mes
parents
Arthur
et
Simone
Lecours
(n\u00e9e\u00a0Camir\u00e9)
Ma
m\u00e8re
est
n\u00e9e
le
30
juillet
1921
\u00e0
Sainte-Justine
dans
le
comt\u00e9
de
Dorchester,
au
Qu\u00e9bec
Elle
\u00e9tait
la
deuxi\u00e8me
d
une
famille
de
12
enfants
qui
comptait
deux
filles
et
dix
gar\u00e7ons
Elle
a
pr\u00e8s
de
six
ans
lorsque
ses
parents
Arthur
Lecours
et
St\u00e9phanie
Pouliot
et
les
cinq
enfants
que
comptait
alors
la
famille
arrivent
\u00e0
Hearst
(qui
s
appelait
alors
Grant)
le
21
avril
1927
\u00c0
l
\u00e9poque
la
population
compte
entre
600
et
700
habitants
et
est
compos\u00e9e
principalement
de
gens
originaires
de
l
Europe
de
l
Est
et
des
\u00eeles
Britanniques
L\u2019
anglais
est
la
langue
d
usage
Cependant
au
cours
des
ans
d
autres
francophones
venant
de
diverses
r\u00e9gions
du
Qu\u00e9bec
attir\u00e9s
par
les
emplois
dans
l
industrie
du
bois
de
sciage
et
par
des
salaires
plus
\u00e9lev\u00e9s
ont
migr\u00e9
vers
Hearst
Des
anglophones
ont
quitt\u00e9
faisant
en
sorte
que
la
proportion
de
francophones
a
augment\u00e9
de
fa\u00e7on
consid\u00e9rable
Aujourd
hui
la
population
se
chiffre
\u00e0
un
peu
plus
de
5000
habitants
dont
pr\u00e8s
de
90
%
parlent
fran\u00e7ais
Arthur
Lecours
\u00e9tait
le
troisi\u00e8me
d
une
famille
de
11
enfants
dont
cinq
sont
d\u00e9c\u00e9d\u00e9s
en
bas
\u00e2ge
Il
est
n\u00e9
le
1er
juillet
1893
\u00e0
Minneapolis
dans
l
\u00c9tat
du
Minnesota
Son
p\u00e8re
Damase
qui
\u00e9tait
agriculteur
comme
la
plupart
de
ses
anc\u00eatres
canadiens
et
sa
m\u00e8re
\u00c9vang\u00e9line
\u2013
qui
\u00e9tait
enseignante
avant
de
se
marier
\u2013
avaient
quitt\u00e9
Sainte-Claire
dans
le
comt\u00e9
de
Bellechasse
pour
aller
vivre
\u00e0
Minneapolis
Les
nouveaux
mari\u00e9s
ont
suivi
l
exemple
de
milliers
d
autres
de
leurs
compatriotes
qui
partaient
s
installer
dans
des
villes
industrielles
du
Nord-Est
des
\u00c9tats\u0002
Unis
o\u00f9
ils
trouvaient
facilement
un
emploi
surtout
dans
les
filatures
ou
ailleurs
dans
ce
pays
comme
l
ont
fait
mes
arri\u00e8re-grands-parents
Alors
que
la
grande
majorit\u00e9
des
Canadiens
fran\u00e7ais
\u00e9migr\u00e9s
aux
\u00c9tats-Unis
d\u00e9cid\u00e8rent
d
y
rester,
Damase
et
\u00c9vang\u00e9line
choisirent
de
revenir
vivre
au
Qu\u00e9bec
Ils
s
\u00e9tablirent
\u00e0
Sainte-Justine
\u00ab
sur
une
terre
de
roches
\u00bb
aux
dires
de
leur
fils
Arthur
L\u2019
hiver,
pour
joindre
les
deux
bouts
Damase
travaillait
comme
b\u00fbcheron
dans
diff\u00e9rents
chantiers
forestiers
notamment
\u00e0
Daaquam
dans
la
r\u00e9gion
de
Chaudi\u00e8re\u0002
Appalaches
pr\u00e8s
de
l
\u00c9tat
du
Maine
Il
partait
\u00e0
la
fin
de
l
automne
et
ne
revenait
souvent
qu
au
printemps
suivant
Apr\u00e8s
avoir
termin\u00e9
sa
5e
ann\u00e9e
Arthur
dut
abandonner
l
\u00e9cole
pour
contribuer
au
revenu
familial
\u00c0
11
ans
l
hiver,
il
partait
dans
les
chantiers
avec
son
Arthur
Lecours
et
St\u00e9phanie
Pouliot
le
jour
de
leur
mariage
le
1er
juillet
1919
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