Page 59 - Annuaire Statistique Québec - 1918
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SECTION B.-POPULATION
Le dernier dénombrement de la population canadienne eut lieu en
1911, sous la direction du Bureau fédéral de la statistique. Semblable
dénombrement est fait tous les dix ans.
L'étude de la population de la province de Québec offre une page
des plus intéressantes, à cause de l'origine de ses habitants. La grande
majorité y est de langue française (80.5 pour' cent) et de religion catho-
lique (86.2 pour cent) ; la profession du plus grand nombre se rattache
à la culture du sol~, aux industries connexes et à l'exploitation forestière.
L'immigration française au pays, pendant la période qui s'écoula de
1630 à 1680, c'est-à-dire, l'espace d'un demi-siècle, ne s'éleva guère
à plus de 3,000 habitants, tous venus du nord-ouest de la France: de
la Normandie, de la Perche, de la Beauce, du Maine, de l'Anjou, de
la Touraine, du Poitou, de l'Aunis, de l'Angoumois, de la Saintonge
et aussi quelques-uns de la Gascogne.
De 1608 à 1760, c'est-à-dire pendant l'occupation française, une
immigration exclusivement française peupla les bords du Saint-Lau-
rent (1).
Au lendemain de la cession du pays aux Anglais, il resta une popu-
lation d'environ 65,000 habitants.
(1) A propos de nos origines, voici ce qu'écrivait ni1gu~rc Benjamin SuIte :
"lia été fait des relevés dans les archives du Canada et de France sur une telle proportion que pas un homme,
pas une femme, ni leurs enfants, n'échappent a.ux yeux de l'historien en ce qui concerne le peuplement de cette peti te
colonie. J,e chillre total de tous les Individus arrivés de France, depuis 1634 à 1759, ne dépasse pas quatre mille.
Ces relevés sont merveilleuA, tels que pas une colonie autour du globe n'en posséde de pareils.
Un tiers des Individus en question eont venus au Canada sous l'égide d'une organisation très honorable qua
dirigeait Colbert. Avant cela, les gens étaient partis d'eux-mêmes. Après la période de Colbert, les colons y allèrent
encore de leur propre mouvement.
Ces trois phases ont ceci de partlculier qu'on admettait uniquement des cultivateurs. Toute autre personne
étalt refusée en France ou renvoyée du Canada par le Conseil de Québec.
Donc, un seul élément a peuplé la colonie: le cultivateur L'histoire de chacune de ces familles nous est connue
par le détail depuis le départ de France jusqu'à l'heure présente.
La Normandie, le Perche, ia Beauce, le Malne, l'Anjou, la Touraine, Je Poitou, l'AuDis, l'Angoumois, la Sain.
tonge ,t partie de la Gascogne ODt fournJ les <!lx·neuf vingtièmes ct "as plus.
ED ce tempa-là, c'était tout agriculture et élevage, pas d'industrie, et de plus le berceau de la bonne langue
française. Les navires de Dieppe, Honfleur, ceux de l'embouchure de la Loire, ceux de Rochefort et de la Rochelle
nous ont amené DOS cultivateurs. Les provinces voisines, comme la Bretagne, Qui n'achetaient pas de pelleteries et
qui n'étaient pss"lgricoles, n'ont eu aucun rapport avec le Canada; toutefoIs, 11 est venu quelques Bretons, pa8 des
familles, par hasard, au cours du temps et. voyez 1 la Bourgogne nous a donné autant d'hommes que la Bretagne'
pourtant Il seralt absurde de dire que les Bourguignons ont peuplé le Canada.
Je ne sais qui le premier a Imaginé de dire que nous sortoDs de la Bretagne, maisU aurait pu se vanter d'avoir
mis au mODde un canard qui a la vie dure. A tou~ moment ou nous crie que nous sommes Bretons. SI l'ensemble
de notre établissement au Canada était connu, cette prétention ferait rire, mels on accepte tout quand on n'a rien
ou que l'on ne sait nen. TOl:t ce Qui s'est passé alors, comme tout ce Qui se passe aujourd'hui, avait sa cause détel-
minante. JI lallalt au Canada des cultivateurs et eeux-cl ne pouvaient venir que des provinces ayant port de mer
raccordé avec Québec. C'est de ces provlncee qu'Ils sont venu.. Nous n'avone jamais vu de navires bretons dans les
compagnies Dieppe-Rouen·Rochelle. De plus, le Breton était tout autre cLose que cultivateur et constituait ce que,
de nos jours, on qualifie d'émigraDt" non dé.lrable ". Qu'auraient-Us fait au Canada? Les seuls cuit.lvateurs pouvaient
y vivre-et D'est pas cultivateur qui veut.
Ces faits sont constatés par au moiDs un demi-million de fiches, publiées et par conséquent ouverte. à tout le
monde.
Aucun convoi de condamnés civils ou criminels n'a é~ falt. Sur ce point les documeDts abondent sous forme
de correspondance officielle, de lettres de particuliers, de descriptions de tous genres et de rapports sur l'état de la
colonie Adiverses dates. A8DB compter les copieux recensements, riches en informations de tous genres.
L'histoire du ('anada est donc comme un livre de comptes que l'on peut cODsuiter de cent maniér... Rien DY
est obscur, tout s'y révèle. C'est un cas unique. Nul pays ne possède de parames archives au..1 bien mises àjour."