Page 39 - Annuaire Statistique Québec - 1918
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CRIMATOLOGIE
riques posées sur des traineaux à lisses. C'est encore pendant cette
saison que les fermiers font leur provision de bois de chauffage pour ali-
menter les poêles et les fournaises, a'u cours de la rude saison des froids.
La neige sert a tenir la terre chaude en hiver et à la fertiliser, parce
que: 1. sa conductibilité étant très faible, lorsqu'elle couvre d'une
épaisse couche la surface du sol, la température de ce dernier ne s'abaisse
pas au-dessous du point de congélation, tandis que celle de l'air est beau-
coup plus basse; 2e parce que la neige contient de l'acide carbonique
et même souvent des nitrates et de l'ammoniaque, substances azotées
fertilisantes qui, lorsque la neige fond, pénètrent lentement dans le sol
et s'insinuent dans les sillons et les mottes de terre. Enfin, la neige
tempère la chaleur ardente de l'été en refroidissant les vents qui passent
sur le sommet des montagnes; lorsqu'elle s'amasse dans les lieux élevés,
elle_ sert, en fondant, à alimenter les rivières, qui se convertiraient en
torrents dévasteurs ou en vastes lacs, si la même quantité d'eau leur arri-
vait sous forme de pluie, dans un temps trop coUrt.
Il ne faut donc pas croire que la rigueur du climat canadien soit un
obstacle à la culture des céréales, des plantes fourragères, des racines et
des fruits. Bien au contraire. La province de Québec est d'une fertilité
exceptionnelle; la neige n'empêche nullement l'élevage; le climat donne
au bétail un vigueur remarquable qui contribue pour beaucoup à le pré-
server des épidémies. La neige donne en outre à la terre un absolu repos;
au printemps, le dégel l'imbibe et la prépare admirablement pour la pro-
duction en développant naturellement les sucs les plus nutritifs qu'en
Europe on est obligé de provoquer artificiellement.
L'été est généralement tempéré et la période de grande chaleur dure
rarement plus de quelques semaines. Il arrive peu souvent que le ther-
momètre dépasse 80° Farenheit. Les céréales parviennent à maturité
sur tous les points de la province. Dans l'Abitibi, région récemment
ouverte à la colonisation, au nord-ouest de fa province, la durée de l'inso-
lation, au cours de l'été, est plus longue que dans les autres parties de la
province. Les habitants de ce territoire peuvent travailler aux travaux
des champs de trois heures du matin à neuf heures du soir, pendant les
mois de juin, juillet, août et septembre. Les plantes y croissent donc
très rapidement. La précipitation est assez abondante, en été, pour per-
mettre à la flore de se développer en trois mois, aidée des chauds rayons
du soleil.