Page 30 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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LES FLEURS DU MAL
Un cygne qui s'&tait évadé de sa cage,
Et, de ses pieds palmés frottant le pavd sec,
Sur le sol raboteux traînait son grand plumage.
Pds d'un ruisseau sans eau la bëte ouvrant le bec
Baignait nerveusement ses ailes dans la poudte,
Et disait, le cœur plein de son beau lac natal :
ri Eau, quand donc pleuvras-tu 3 Quand tonneras-tu, foudre ? 1)
Je vois ce malheureux, mythe étrange et fatal,
Vers Ie ciel quelquefois, comme l'homme d'Ovide,
Vers le ciel ironique et cruellement bleu,
Sur son cou convulsif tendant sa tete a~?de,
Comme s'il adressait des reproches A Dieu 1
Paris change, mais rien dans ma mélancolie
N'a bougé ! Palais neufs, échafaudages, blocs,
Vieux faubourgs, tout pour moi devient allégorie,
Et mcs chers souvenirs sont plus lourds que des rucs.
Aussi devant ce Louvre une image m'opprime :
Je pense A mon grand cygne, avec ses gestes fous,
Comme les exiles, ridicule et sublime,
Et rongé d'un dksir sans trêve I Et puis h vous,
Andromaqne, des bras d'un grand Cpoux tombde,
Jrii bétail, sous la main du superbe Pyrrhus,
Auprès d'un tombeau vide en extase courbée;
Veuve d'Hector, hilas 1 et femme d'H4énus 1