Page 170 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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w  LES  RECTTS DE LA  REVOLTE  ET DE  LA  RUPTURE




                                                                 L
               '' Pimage  de la  rociérk, le roman  connaît sr   da rki~ la forme WltLe, à l'image de lmancicmc
                   -évolurion.  Depuis  une  ving~aine d'annh,   vision du monde que l'on voudniir voir désintégrk.
               la  produaion  romanesque  érair  une  lirtkrature   Des romans peut-être difficiles  lire, mais combien
               de  consrar  et  de  prise  de  conscience  : dans  les   riches, qui disent au lecteur attentif le tourment de
               romam de mœurs urbines et cew d'interrogation   vivre I'ici et maintenant.
               psychologiquei,  les  rornmcicrs  portaient  kajori-
                                                          De même que la vieille société est remise en cause,
               taitanenr leur  regard  sur  la  probldmarique  sociaic,
                                                          de rnéme les procédés, techniques,  sr).lfi. langages
               p+mr la  domination  socio-économjque  donr
                                                          et autres senciers barns de I'arr  du romancier sonr
               ttair  victime  la  wllecrivit& canadienne-française,
                                                          abandonnes.  Terminke l'époque  où  le  roman
               puis scnirant les moindres  replis de la conscience
                                                          racontait  une  histoire  linéaire.  où  les  mots
               pour illunrer l'aliénauon  tant sociale que culmrcUe
                                                          s'interdisaient de dCparser  le contour d'une rditb
               qui en dbcoulait.  Voici  que,  dans  la  piriode  de
                                                          connue. Dorénavanr, le roman ne raconte plus : sa
               grande effervescence qui débute  en  1960, il  y  a
               une  rupture  radicale  avec  cc  qui  a  prtc6dR  Les   rme dixontinue  se  fait  elle-même  remise  en
                                                          quesrion et son icrimre mutanre permet au langage
               romanciers passent du conslai au combat. ~cprirnant
                                                          de  supplanter  I'inrrigue.  Écriture  incertaine  qui
               Icur  révolce  contre  les  crindirions  qui  ont  rendu
                                                          s'tpuise à expliquer I'honime qulkmis, à traduire
               inde I'idenrité rant individueue que collecrive.
                                                          une individualiré confuse au sein d'une collertivité
               Leurs  personnages sonr  gkniralernent  des  gens   incerraine.  Le  travail du romancier  consiste à faire
              qui  ont  des  mmpres  à  régler  avec  les  diverses   l'inventaire  de  nouvelles  formes  - de  nouvelles
               inrtinirions  sociales qui  enipéchenr  d'acder  A   vaieurs - qui arriveront  à réconcijier son héros ou
               l'autonomie  et  9  la  IiberrC.  Ils  conrestent  avec   son  anri-héros  (et son  lecteur) avec  lui-meme  et
               vbdcnce les vieilla valeurs qui onr men6 tour  uri   avec le  dwin de sa collectivitd.
               pcuple au  silence  er  au  culde-sac  culturel  ; ils
                                                          Panni les nouveaux pro&&  abondamrnenr utilisés
               ap+nr   surrout  une  nouvellc vision  du  monde
               b&   sur une identir4 retrouvée.  Dans ces romam,   par  les  romanciers,  rerenons l'usage génémlisb de
                                                          la  premitre  personne  du  singuiier  cr  l'emploi
               une foalisarion  sur  l'individu  remplace  l'ancien
                                                          abondant  du  niveau  de  langue  populaire.  Le  JE
              adrc  familial  ou  paroissial.  Alors  que  jadis  et
                                                          - partois une intervenrion impromptue de l'aureur -
               nagukre  le  héros  devait  se  sacrifier  pour  sa
                                                          vient  mare fin au corset idhlogique  prtrcndant
               coiiectiviré,  on  peut  maintenant  parler  de
                                                         qu'il  n'y  avait  qu'une  seule  vérité  Quanr  au
               probltmauque  individuelle où chacun  tente,  rrb
                                                          langage de la rue, le joual,  il  témoigne d'un peuple
               phibitment d  eçr vrai, de s'assumer.
                                                          dépossBdé de tout.  meme de sa langue. Un roman
               Leymjet collecuf du pays &nt  d'abord  porté par   écrir en joual, c'est  l'image  d'un  peuple en conflit
               le rAFC  de chacun, chaque romancier vient inscrire   avcc ses drités. y compris des de la grammaire.
              sa réponse  panielle  sr  parride  A  cerne  quête  de   Et  utiliser le jouai,  c'est aussi faire le pro&,  dans
               I'idrntiti nationaie en devenir. Métaphore du pays,   les  mots de ceux qui furent dtpossddés de [out y
               k roman se fait le laboraroire des exptriences er des   wnipris de la parole, des bien-pcnsanrs et de lew
              adirectures  les  plus  dibrerses.  On  parle  de   langage  chitié,  les  responsables du  monolithisme
              *  romans-poémes  1l  ou  de  N  ronians-symboles  *,   idéologique. On esr  loin de 1'Cpoquc où le roman
              cornits selon  une  forme  qui  leur  est  propre,   se  satisfaisait de plier les  mots à  l'expression de la
              comme  la poèmes.  Parrill&lrrnsnt à  la  peinture   rkliré.
              qui cst devenue un an de moins en moins figuratif,                                   1  M4gabmdws
                                                                          -
                                                          Haine et violence 3 P-rd   de la faniille et sexualiré   ,* --
                                                                                                     k mmam du m.
              le  roman  abandonne,  lui  aussi.  toute  iiotion
                                                         dtbridie  sernblenr deux thèmes  aarticuliércment   TM*
              d'objmivic&, coascienr  de  n'exprinier  qu'une                                        a   t  d   m   ~   ~
                                                          rkurrcnts. Lar adolescents sonr Ics pmonnageç les
               vision  personnelle  et  parcellaire.  Des  romans
                                                         plus  ridies, qui  revendiquent  leur place au soleil.
               parfois &mutants, certains parlent d'anrj-romans,
                                                                                        Le  pays  convergent  m
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